La grande vague de Kanagawa (Hokusai)
Pour être très honnête, pas facile ces jours-ci de trouver les mots légers et positifs que je m’applique à employer. Veuillez m’en excuser, personne n’est parfait…
LA VAGUE
En effet, plusieurs événements ont ébranlé le fragile équilibre de notre planète. Tout d’abord, ce « tsunami » qui déferle sur le reste du monde (sans aucun manque de respect pour les victimes des tsunamis de décembre 2004 et mars 2011). Car moi aussi, cela m’effraie. Comme beaucoup, je pressens que ce n’est que le début et je suis bien incapable d’en prévoir ni la fin, ni les conséquences à tous points de vue. La Ptite Lu, illustratrice, graphiste, bloggeuse que nous connaissons bien à Shanghai croque parfaitement cet état d’esprit, pour nous les Français de Chine. Merci Lucie !


Pour suivre La Ptite Lu, consulter son blog, sa page Facebook, son compte Instagram (ID : la_ptite_lu), ou encore son compte WeChat (ID : LaPtiteLu).
LA DIGUE CONTRE LA SECONDE VAGUE
Côté chinois, si tous les médias français clament haut et fort que tout s’arrange, que la situation revient à la normale, il serait prudent de nuancer. Tout d’abord, tout comme lors de la phase « dure » de confinement, les situations sont encore très différentes d’une ville à l’autre (et je ne parle même pas des zones moins citadines). Wuhan, Pékin, Shanghai etc., à chaque ville sa gestion de crise et de sortie de crise du COVID-19. Les points communs sont les fameux gestes barrière, le port du masque systématique (même si le caractère obligatoire semble se relâcher un peu), la prise de température partout, et la généralisation du fameux QR code, attestant de son historique de déplacement des dernières semaines (et donc de son état de santé supposé).
Petit sentiment de malaise et mauvais pressentiment dimanche 29 mars au soir lorsque nous avons appris que les lieux touristiques de Shanghai qui avaient rouvert récemment – signe de renaissance et de reprise – fermaient de nouveau. Pearl Tower, Shanghai Tower, bateaux-mouches, cinémas… soit 25 lieux indoor, mais aussi 37 lieux extérieurs (jardin botanique, parc animalier…) – source Shanghai Daily 29/03/2020. Pourquoi et jusqu’à quand, ça…

Et comme déjà mentionné dans mes précédents posts, la menace principale en Chine est actuellement la réimportation du virus. Depuis le 28 mars, les autorités chinoises ont donc tout simplement fermé leurs frontières à TOUS les étrangers, même porteurs de visas ou permis de travail (à part quelques rares exceptions). Plusieurs familles se trouvent donc à présent séparées, souvent avec un parent en Chine, et un autre parent avec enfants, ailleurs quelque part dans le monde. Ceux qui avaient choisi de quitter le pays il y a deux mois, au plus fort de la crise (et après l’annonce de la fermeture des écoles) se retrouvent donc « enfermés dehors », et confinés. Et pour nous qui sommes en Chine, pas de possibilité d’en sortir, sous peine de ne plus pouvoir revenir chez nous ensuite… Pas facile à vivre mais peu surprenant si l’on se place du côté chinois. Seuls les détenteurs de passeports chinois peuvent encore revenir – souvent des étudiants en provenance d’Angleterre ou des États-Unis. Pour eux à l’arrivée, c’est test au COVID-19, puis quarantaine obligatoire (14 jours) dans un hôtel dédié, ou hôpital en cas de résultat positif. Le flot de retours va se ralentir puisque le nombre de vols est à présent très réduit (un seul vol dans chaque sens entre Shanghai et Paris par exemple).
COVIDMINUTE
Pour lutter contre les fake news, les titres accrocheurs, sensationnels et catastrophistes, pour résister à la nausée provoquée par l’overdose d’information, je me permets de recommander, – encore et toujours – cette source d’information, qui se suffit à elle-même. Un point quotidien, un angle à 360 degrés sur le monde entier, des propos sérieux, factuels, clairs, et malgré tout porteurs d’espoir. Créé et piloté par le docteur Guillaume Zagury, expert en Santé Publique et avec 20 ans de Chine dans ses bagages. A suivre sur Facebook, LinkedIn, ou sur son site www.covidminute.com.
Vous pouvez à présent passer à autre chose…
ET SI ON PRENAIT UN PEU DE HAUTEUR…

Pour cela, un pionnier visionnaire tel que Bertrand Piccard ne peut que nous aider à élargir l’horizon de nos pensées. Voici quelques morceaux choisis de son récent article que je vous recommande : Une crise qu’on accepte est une aventure.
Nous n’avons pas le choix de ce que la vie nous amène, mais nous avons le choix de ce que nous en ferons.
Il n’y a donc aujourd’hui pas davantage de place pour le fatalisme que pour le stress.
Nous ne pouvons bien sûr pas changer l’épidémie actuelle, mais nous pouvons nous changer nous-mêmes.
Il faudra donc changer d’altitude pour changer de direction, et pour ce faire, lâcher du lest.
Fructifier une crise commence donc par envisager l’inverse de ce que l’on a appris à faire et à penser, dans nos réponses, réactions, décisions.
Est-ce que pour gagner un peu d’humanité dans un monde qui dégénère, une crise ne deviendrait-elle pas même souhaitable ?
Retrouvez cet article dans son intégralité en français ici, et en anglais là, sur le site Solar Impulse Foundation .
DES NEWS DE LA CASA GOURGUES
Sans transition, rien de nouveau à signaler chez nous depuis la semaine dernière, à part la reprise du e-learning pour notre fille et la poursuite de celui de Basile. Et toujours pas de date de réouverture du Lycée Français de Shanghai…
DU DIVERTISSEMENT EN CASCADES

Depuis le début du confinement en France, de nombreuses options de divertissements fleurissent sur les réseaux sociaux notamment. Bien sûr, il y a la créativité débordante des humoristes professionnels mais surtout amateurs, qui nous régalent (en général) à longueur de journée de petites phrases, vidéos et autres photos détournées, pour que plus léger soit le fardeau. Selon moi, savoir rire de tout situation difficile est un art, une qualité, une force.
Mais je veux aussi parler de l’offre culturelle numérique gratuite qui s’est considérablement étoffée ces derniers jours. Pour s’évader, quoi de mieux que de lire, écouter, voir toutes ces pépites dont nous ne prenons que trop rarement le temps de profiter !
> Le site Google Arts & Culture est une référence en la matière. On y trouve une foule de trésors culturels du monde entier. Courez-y !
> TV France :
– Sur france.TV, vous pouvez voir et revoir toutes les émissions de France Télévision en replay : films, séries, concerts, danse, théâtre, documentaires et autres échappées belles…
– J’ai redécouvert la chaîne TV Arte dont j’avais une image un peu poussiéreuse et intello je l’avoue… Sur son site internet, entre les concerts, les séries et fictions originales, les émissions-voyage, les décryptages de l’actu sous un autre angle, les documentaires sociétaux qui percutent, et même quelques longs-métrages, le choix est riche et vaste !
– La chaîne Canal+ était exceptionnellement passée en clair pour tout le monde en France jusqu’au 31 mars, mais n’envisage pas de prolonger cette offre exceptionnelle. Business is business… Cependant, sa série cultissime Le Bureau des Légendes (saison 1 à 4) est disponible en clair. En attendant la sortie de la saison 5, le 6 avril, pour les abonnés…
> Opéra : L’Opéra de Paris a mis en ligne ses plus beaux spectacles comme Le Lac des Cygnes, Les contes d’Hoffmann, Carmen… à certaines dates seulement, soyez vigilants !
> Théâtre : la Comédie Française a créé une chaîne en ligne pour proposer des spectacles, portraits et interviews aux heures de lever de rideau, tous les soirs à 18h30 et 20h30. Un programme par semaine est prévu. A suivre sur le site internet ou la page Facebook du Français.
> Musées : les plus beaux musées du monde, sans piétiner des heures, confortablement installé dans votre canapé ! Quelques suggestions : Le château de Versailles, Le musée d’Orsay, le musée du Louvre, Le musée Van Gogh à Amsterdam, Le British Museum à Londres, Le Guggenheim à Bilbao, Le MET à New-York…
> Lecture : de nombreux sites de téléchargement légal et gratuit de livres existent, par exemple : Livres pour tous, 1001 e-books, Fnac, Cultura
> Mais encore : un petit tour sur la plateforme #culturecheznous, et vous découvrirez toute une offre culturelle numérique et gratuite du ministère de la culture : expositions, spectacles, conférences, archives, podcasts, vidéos, cinéma, offre jeunesse, etc.
Bien sûr, cette petite liste est non-exhaustive, et je vous encourage à la compléter en commentaires !
TEAMLAB BORDERLESS
One eye sees, the other feels (Paul Klee)

Amis Shanghaiens, une idée de sortie culturelle, familiale (ou pas), au top de la technologie, qui vous en mettra plein la vue, et vous rechargera les batteries en version 100% colorisée, ça vous tente ?
Si vous aviez aimé l’exposition temporaire organisée par TANK Shanghai courant 2019, vous allez adorer le tout récent musée TeamLab Borderless. Le collectif d’artistes de l’équipe TeamLab a conçu un lieu unique, labyrinthe interactif d’effets spéciaux, de lumières, de couleurs, empreint de poésie et d’énergie. Le musée TeamLab a rouvert samedi 27 mars, espérons que cela va être maintenu… Détails et tickets sur le site 247tickets.
IDEE DE LECTURE EN TECHNICOLOR
Après tout cela, vous avez sûrement envie de couleurs, de nouveaux horizons, de grandes destinées ? Je vous suggère ce roman puissant, fort en émotions, solaire et charnel, qui vous fera voyager à travers le Mexique, les États-Unis et la France, des années 30 aux années 50. Et qui pose la question de l’impossible équation amour/rivalité artistique entre deux peintres.
RIEN N’EST NOIR de Claire Berest

Frida Kahlo, ce nom évoque à lui seul le portrait d’un visage, une personnalité marquée, un destin hors du commun, une sensation de chaleur et des couleurs vibrantes. Claire Berest nous embarque dans le récit incroyable de la vie de cette femme peintre et aussi épouse du célèbre peintre muraliste Diego Riviera. Elle nous raconte ce couple mythique d’artistes tumultueux, qui s’engagera aveuglement dans l’histoire politique du Mexique, mais surtout dans un amour passionnel, chaotique, aux mille excès, fait d’ombre et de lumière.
À force de vouloir m’abriter en toi, j’ai perdu de vue que c’était toi, l’orage.
Suite à un terrible accident de tramway à Mexico, la jeune fille de 18 ans débute un long calvaire de souffrance physique et morale. Mais c’est à partir de ce moment qu’elle se met à peindre, depuis son lit de convalescence, pour fuir la douleur. Quelques années après, Frida rencontre Diego Riviera, ce grand peintre muraliste, à la notoriété mondiale, maitre dans l’art des immenses fresques, dévoreur de femmes, aussi fascinant que provoquant. Le coup de foudre est réciproque, ils se marient très vite.
Bleu d’acier. Bleu pénétrant, qui s’échappe vers la nuit.
Frida la fracassée et Diego l’ogre sont deux êtres hauts en couleurs dont l’association menace à tout moment d’exploser. Diego déteste simplement qu’une journée se termine sans un peu de tension, une goutte de drame. Frida, elle, rejette toute convention, s’habille sans aucun code de couleurs ou matières, elle peut se noyer dans la tequila jusqu’au bout de la nuit, jure comme un homme, s’enflamme pour la cause communiste, mais par-dessus tout, elle aime Diego d’un amour fou. Même si cela l’oblige à vivre dans son ombre.
Elle peint pour s’abriter. Pour ne pas être seule.
Ils partent à San Francisco pour une commande, puis New-York et Detroit, mais le tourbillon mondain des artistes américains les aspire peu à peu. Le retour au pays ne saura réparer les deux âmes emmurées dans leur colère et leur souffrance. Frida prend le large, mais sera bientôt rattrapée par la couleur de la couleur. Noir d’encre.

Rien n’est noir de Claire Berest, éditions Stock (250 pages), août 2019. Disponible en e-book.