Words by Delf, votre histoire à travers mes mots

(English version below)

Chers fidèles lecteurs,

Vous êtes pour la plupart mes lecteurs de la première heure de ce blog. Dès mes premiers posts, vous m’avez si souvent encouragée à continuer, à partager, à témoigner, à éveiller un coin de nos consciences, à vous faire sourire voire rire, à vous révéler le talent d’une amie photographe, le courage d’une entrepreneuse, à vous faire découvrir une belle région de Chine ou un recoin caché de Londres, et bien plus encore…

Laisser une trace et être inspirante. Tels sont mes deux objectifs quand j’écris.

La photo, écrin indispensable pour illustrer mes mots...(Photo du fond : crédit Niko de Rougé)
La photo, écrin indispensable pour illustrer mes mots (Photo du fond : crédit Nico de Rougé)

Après quelques années d’écriture personnelle, journalistique, sur ce blog et pour le compte de certains proches, je me jette dans le grand bain de l’entreprenariat en free-lance ! Je vous présente Words by Delf, ma marque de « copywriter-content designer-storyteller », ou rédactrice-designeuse de contenu-créatrice d’histoires, pour les allergiques aux anglicismes (mais Londres oblige, je vais surfer sur les deux langues).

Avec Words by Delf, je désire faire des mots mon quotidien, rencontrer toujours plus de personnalités passionnantes, mettre ma plume au service de talents variés, en français et en anglais, au-delà des frontières.

Je vous laisse découvrir sur mon site internet www.wordsbydelf.net mes objectifs, mon parcours et quelques morceaux choisis de mes publications. Surtout, n’hésitez pas à le faire connaitre autour de vous (de préférence via mon profil LinkedIn) et « faites tourner » comme le disait Billy Ze Kick dans sa chanson « OCB » (les cinquantenaires auront la réf’…) ! Et pour me contacter en direct : contact@wordsbydelf.net

Mon logo a été créé par la jeune talentueuse Victoria de Rohan-Chabot, dont l’avenir sera sans aucun doute couronné de succès !

Words by Delf, your story through my words

Dear faithful readers,

For the most part, you have been my readers of this blog from the very beginning. From my first posts, you have so often encouraged me to continue, to share, to testify, to awaken a corner of our consciences, to make you smile or laugh, to reveal to you the talent of a friend photographer, the courage of an entrepreneur, to discover a beautiful region of China or a hidden gem of London, and much more.

Leave a mark and be inspiring. These are my two goals when I write.

La photo, écrin indispensable pour illustrer mes mots...(Photo du fond : crédit Niko de Rougé)
The photo, essential setting to illustrate my words (Background photo: : credit Nico de Rougé)

After a few years of writing in various areas: personal writing, articles for an online newspaper, posts on this blog, and publications for professional contacts, I am about to take the plunge into freelance entrepreneurship! Let me introduce you Words by Delf, my brand and new business as a copywriter-content designer-storyteller.

With Words by Delf, I want words to build my daily life, and I always want to meet more and more great people and use my writing skills for diverse talents, in French and English, beyond borders.

Feel free to look at my website www.wordsbydelf.net, to discover my objectives, my background, and a selection of some previous publications. Please don’t hesitate to spread the word and share this link with your network, ideally through my LinkedIn profile! Get in touch: contact@wordsbydelf.net

My logo has been designed by the talented young Victoria de Rohan-Chabot, who will, undoubtedly, have great success.

ChatGPT, prochain prix Pulitzer ?

Ne vous méprenez pas, ChatGPT n’est pas le nom du dernier petit félin mignon star de TikTok ou d’Instagram (quoique tout est possible), mais c’est le nouveau sujet “technologique” qui anime bien des conversations en ce début 2023. ChatGPT (prononcer Tchat-JiPiTi), sorti fin 2022 sur le web, annonce sans doute une véritable révolution, notamment dans l’art de l’écriture et de la rédaction.

ChatGPT, késako ?

ChatGPT est un pur produit de l’intelligence artificielle. C’est ce que l’on appelle un “agent conversationnel” capable de répondre de façon tout à fait précise et performante à des questions de tous ordres. En bref, c‘est une incroyable base de données au savoir encyclopédique (avec quelques 175 milliards de paramètres), qui sait produire des textes en langage humain, clairs, logiques et fouillés. Cette première version unique au monde, développée par la société OpenAI*, est pour le moment accessible gratuitement. Les textes proposés sont en anglais et en français (même si l’on a déjà vu fleurir diverses versions traduites).

*OpenAI est une société de développement de l’intelligence artificielle. Basée à San Francisco, elle fut fondée en 2015 par Elon Musk (entre autres), qui a quitté la société en 2019. Elle a créé en 2019 une intelligence artificielle appelée GPT-2 (Generative Pre-Trained Transformer), suivie de sa version améliorée GPT-3 en 2020.

ChatGPT, c’est pour qui ?

Rentrons dans le vif du sujet, car c’est bien là que le bât blesse. ChatGPT peut à ce jour être utilisé par n’importe qui, et surtout sur une gamme de sujets incroyablement vaste. Et quelle que soit la problématique soumise à ChatGPT, le langage écrit est au cœur du sujet.

Des journalistes se sont immédiatement pliés à l’exercice de faire rédiger un de leurs articles par cette IA (Intelligence Artificielle), sans s’en cacher. De façon générale, ils reconnaissent le résultat assez bluffant (voir par exemple ce témoignage : ChatGPT, c’est quoi ? On a laissé ChatGPT répondre à la question) ! Certains l’ont aussi testée sur des sujets très techniques et complexes et se sont avoués impressionnés.

Des professeurs commencent par ailleurs à voir fleurir des dissertations et autres travaux écrits de bonne facture, mais étonnamment similaires en termes de construction logique, de phrasé et de style. Le manque de fautes d’orthographe et de grammaire leur a aussi mis la puce à l’oreille ! Mais ceci n’est qu’un simple paramètre de plus qui pourra bientôt être ajouté à la requête initiale (“faire 3% de fautes”). Alors qu’il y a 15 ans, il fallait traquer les copier-coller Wikipedia dans les travaux des étudiants, on voit déjà se développer des outils de détection de ChatGPT.

ChatGPT, presque parfait ?

Tout d’abord, notons que les connaissances abyssales de ChatGPT s’arrêtent, à ce jour, à 2021 (mais cela ne saurait durer…).  De plus, il – ou elle, mais ceci est un autre débat – fait son travail de recherche parmi des milliards de pages internet, sans forcément en vérifier la fiabilité. Ce qui n’est pas simple pour l’utilisateur non plus, étant donné que ChatGPT ne donne pas ses sources.

Si les premiers retours jugent que ChatGPT délivre un travail propre et de qualité, il est cependant jugé souvent trop lisse, avec trop peu d’aspérités, même s’il est déjà possible de lui demander de coller au plus près à un certain style plus ou moins formel, plus ou moins créatif etc. (ce qui est appelé “température” dans les paramètres).

Écrire avec ChatGPT

Et maintenant, que faire ? Certains avaient prédit la mort du livre avec l’arrivée d’internet. Certes, les versions papier de la littérature et de la presse ont fondu comme neige au soleil, mais ce secteur de l’édition a su évoluer et on n’a jamais autant lu, sur écran ou sur papier. C’est donc sans doute ce qui se profile à l’horizon pour le monde de l’écrit en tout genre : il va falloir, une fois encore, se réinventer.

De nombreux professionnels vont certainement rapidement confier à ChatGPT la production de moults écrits, de type informatifs, généralistes, répétitifs, souvent destinés au grand public, mais pas uniquement.

En parallèle, les besoins en rédaction “humaine“ vont changer. Comme dans tous les domaines challengés par l’IA, l’avenir est donc plus que jamais à l’essence fondamentalement humaine de l’art de l’écriture. Si ChatGPT sera vraisemblablement un des outils de recherche et d’information les plus performants, priorité sera donnée au contenu de haute qualité, proposant une véritable analyse, une opinion, un point de vue engagé, un champ de réflexion, le tout dans un style très personnel – que l’on appelle la plume -, créateur d’émotion, et pourquoi pas, avec une touche d’humour. Car soyons réalistes, ChatGPT est à prendre très au sérieux, mais il vaut mieux en rire… et garder espoir en l’homme !

Épilogue

Il m’a fallu un peu de patience pour pouvoir tester ChatGPT en raison d’une demande trop importante. La rançon du succès et le comble de la frustration pour moi ! Pour l’anecdote, à chaque tentative infructueuse de connexion (en anglais), ChatGPT m’a affiché un élégant message sous forme de poème en style shakespearien, de poème acrostiche, de discours ou encore de message piraté (cf captures d’écran). Avec ChatGPT, on n’est vraiment pas au bout de nos surprises…

The future is here, and it is called ChatGPT

Sources : Les Echos, Numerama, OpenAI, YouTube

ROYAL FLORILÈGE

Londres, mai 2022

Comme chaque année, la RHS (Royal Horticultural Society) organise au printemps le Chelsea Flower Show. Fondée en 1804, cette organisation caritative a pour but de promouvoir l’horticulture auprès de la population anglaise. Mais attention, pour être membre de la RHS, il faut tout de même verser la modique cotisation annuelle de 5.000£ !  

Le Chelsea Flower Show est la manifestation la plus célèbre de la RHS et accueille des visiteurs du monde entier. Cette année, elle a lieu du 24 au 28 mai, et la visite des jardins est, elle aussi, assez onéreuse. Heureusement, on peut aussi en profiter juste en se promenant dans le quartier de Chelsea qui met cet événement à l’honneur et se pare des décorations florales les plus créatives pour l’occasion. Et en 2022, le hasard fait bien les choses, puisque ce rendez-vous floral précède de quelques jours les festivités du tant attendu « Jubilee » de platine, célébrant les 70 ans de règne de la reine Elizabeth II.  Sa majesté s’est d’ailleurs rendue sur place la veille de l’ouverture du Chelsea Flower Show et l’a parcouru en voiturette de golf !

The Queen est donc un des thèmes majeurs de toutes les installations qui ornent les rues des alentours, et elles sont, avouons-le, assez impressionnantes ! Les Anglais savent vraiment mettre de la couleur, de la poésie (et du kitsch parfois…) dans la rue, surtout quand il s’agit de fêter leur reine. Oh my God!

La version postale

La version rock’n’roll

La version buste royal

La version Paddington

La version champêtre

La version tunnel

La version léonine

La version poulpe

La version tea time

La version garde royal

La version Alice au Pays des Merveilles

La version « m’as-tu vu »

La version couronne royale

La version fleuriste

La version équestre

Une des passions de la reine

La version canine (chacun sait l’amour de la reine pour ses chiens…)

La version aéronavale

La version blason

La version arborée

La version fougères

Really?…

La version agence immobilière

La version no colour

La version exotique

La version sexy

La version luxe (sachant qu’un bouquet de 5 pivoines coute environ 25₤)

La version cupcake

Et pour finir, la version street fashion

Un style inimitable !

« God Save the Queen »

AVOIR LE COVID EN CHINE

Mathilde, française vivant à Shanghai depuis de nombreuses années, mère de quatre enfants, nous raconte sa récente expérience « covidienne » en plein confinement dur à la chinoise.

Confinement J-27

« Tout a démarré un soir où l’une de mes filles, Julia, 12 ans, se plaint de façon insistante de grande fatigue, d’étourdissements. Trop d’écran, pas assez d’exercice ni d’air frais, cela paraissait peu étonnant…

Nous étions confinés depuis 27 jours, nous faisions des tests antigènes et PCR tous les jours, franchement, nous ne pensions pas au Covid !

Test quotidien dans notre lane

Le lendemain matin, Julia est toute pâle et affiche une fièvre à 39 degrés. Elle décide alors de faire un test antigène et là, en quelques secondes, le 2ème trait s’affiche bien nettement, elle est positive ! On l’isole dans sa chambre et on réfléchit. C’est un peu la panique dans l’esprit de chacun car cette hantise d’être envoyé dans ces camps d’isolement insalubres – dont on a tous vu moultes vidéos et photos, et où même les enfants peuvent y être envoyés seuls (surtout s’ils ont plus de 12 ans…) – fait froid dans le dos. Avec mon époux, nous tentons de rassurer notre fille en lui promettant que nous ne la laisserons pas partir seule. Nous prévenons aussi immédiatement le consulat pour discuter des « stratégies » possibles (s’il y en a …).

Spirale infernale

Pendant les trois jours suivants, on ne nous demande plus de faire de test, ce qui nous arrange. Le consulat nous appelle tous les jours pour prendre de nos nouvelles. Puis le 4ème jour, nous sommes convoqués dans la lane (ruelle) en bas de chez nous pour faire un test PCR. Les derniers autotests de notre fille étant positifs, cela allait coincer, c’est sûr… Nous tentons une feinte, mais en vain, et après quelques heures d’attente et de stress, appel du CDC (Control Disease Center) pour nous annoncer que le résultat de test de notre fille ainée, Sarah, est positif…alors que celui de Julia est considéré comme négatif ! Sarah se met d’ailleurs à avoir les mêmes symptômes que sa sœur.

Et puisque la poisse nous colle aux semelles dans cette histoire, notre 3ème fille Marie tombe à son tour malade quelques heures plus tard. Le comité de quartier (cf détails sur cette organisation dans Escape Game) nous prévient que le départ est imminent pour Sarah.

De son côté, le consulat se démène pour en savoir plus et pour tenter de nous laisser tous à la maison le plus longtemps possible. Il nous conseille par ailleurs de nous montrer conciliants afin de réussir à négocier des conditions d’isolement correctes. Avec mon mari, nous sommes d’accord : notre fille peut partir mais à condition qu’elle soit accompagnée d’un parent.

Le lendemain c’est notre petit dernier de 5 ans, Antoine, qui tombe malade, et le surlendemain, notre ayi (nounou), qui avait choisi fin mars de se confiner chez nous plutôt que seule chez elle. Elle travaille pour nous depuis 9 ans et fait partie de la famille. Sale loi des séries ! Mais toujours sans à avoir à faire de tests officiels…

Le CDC vient alors à la maison pour « enquêter ». Les volontaires nous posent des questions sur les livraisons reçues, font de nombreuses photos de l’extérieur du bâtiment (fenêtres, jardin etc.), constatant qu’il nous était possible de nous isoler totalement du voisinage grâce au caractère non-mitoyen de notre maison et à notre petit jardin. On reprend espoir. Puis silence radio.

Période hors du temps, tendue, comme en équilibre sur un fil prêt à rompre.

L’Heure de vérité

Le 4 mai, on nous demande de faire 2 fois/jour des tests antigènes depuis notre domicile et d’envoyer les résultats. Jouant sur le nombre de personnes vivant sous notre toit, nous arrivons à tenir quelques jours de plus, en espérant que les premiers malades repassent négatifs au plus vite… Le 7 mai, « fin de la récré », le comité de quartier débarque, armé de kits PCR, pour tester tout le monde. La confusion la plus totale règne et les volontaires oublient de tester deux personnes, Marie et l’ayi ! Résultats des courses : deux enfants sont déclarés positifs, Sarah et Antoine…

Le comité de quartier tout puissant nous fait comprendre que cela devient vraiment compliqué de nous laisser à la maison. En effet, les voisins commencent à protester, à dire que nous étions à l’origine du virus dans la lane (alors qu’il y avait eu des cas dans une autre famille avant nous – chose que nous ignorions à l’époque). D’ailleurs, comment le virus est-il arrivé chez nous ? Cela reste mystérieux. Les choses s’étant légèrement relaxées à partir du 20 avril, nous avions été autorisés à descendre 2h/jour nous dégourdir les jambes dans la lane. Les enfants sont allés faire de la trottinette, jouer, promener le chien, ils ont croisé des voisins, cela a dû se transmettre par voie aérienne…

Quand notre chien pouvait se promener dans la lane…

Départ imminent

Les autorités locales parlent d’évacuer tous les occupants de la maison pour pulvériser de l’eau de Javel partout (vous avez sûrement déjà vu une vidéo montrant ce type d’intervention digne d’un film de science-fiction…). Mais c’est inenvisageable pour nous car nous avons un chien, il serait lui-même envoyé en quarantaine on ne sait où ! En parallèle, le consulat, toujours aussi présent, fait son maximum pour négocier des conditions d’isolement les plus correctes et humaines possibles. A ce moment, je leur propose de partir avec Sarah et Antoine, nos deux enfants positifs (mais qui devraient passer négatifs sous peu) et que le reste de la famille se parque (avec le chien) dans le jardin, le temps de la désinfection générale. Hourra, le CDC accepte ma proposition !

Opération Javel !

(Précision de l’auteur, toutes ces discussions et négociations se passent en mandarin, respect pour le niveau linguistique de Mathilde !)

Le lundi 9 mai au soir, on nous appelle à 21h pour nous avertir d’un départ en soirée ou le lendemain matin. Trois ou quatre appels plus tard repoussants sans cesse l’horaire, nous partons donc le mardi 10 à 22h. C’est ce qui s’appelle jouer avec nos nerfs ! Le consulat n’a pas réussi à savoir où nous sommes envoyés, « un endroit pour les étrangers » disent-ils pour nous rassurer. Mais à présent, j’en suis au stade où je veux en finir avec cet épisode.

Allons-y, nous n’avons pas le choix de toutes façons, et ensuite nous pourrons tourner la page !

Nous sommes prêts…

Quand la voiture arrive, je vois avec soulagement que c’est une ambulance, on dirait presque une limousine blanche, ambiance VIP ! C’est bon signe, cela signifie sans doute hôpital et non camp d’isolement. Mais pendant le trajet, on s’arrête pour prendre au passage une petite mamie, munie d’un sac plastique avec bassine, savon, shampooing. Et là, je réalise que j’ai pensé aux céréales, aux petites voitures, à l’iPad, à ma crème de nuit, mais absolument pas à la bassine ni au savon… et si nous n’avions pas de douche ? Et si on allait dans un camp ? Le stress monte.

Bienvenue à Javel-land !

Nous arrivons au département Fever Hospital d’un hôpital chinois de Shanghai. Drôle d’impression glauque en entrant, la réception est quasi-fermée, emmurée dans des parois en plexiglas, les lumières sont presque éteintes, et tout est recouvert d’une pellicule blanche de Javel, comme une couche de calcaire, à force de pulvérisations intempestives. Sans parler des effluves persistants de Javel n.5… Après un « check-in » un peu chaotique et dans l’incompréhension totale, on nous conduit au 13ème étage dans une chambre avec -oh bonheur- trois lits, une salle de bain et des toilettes ! Prises de sang pour tout le monde et on s’effondre, nerveusement épuisés, malgré l’odeur d’urine persistante du matelas… Mais quel soulagement d’être dans un vrai hôpital !

Le lendemain, après les classiques prises de température et de tension, descente au service CT-scan des poumons. Nous faisons la queue puis passons un par un, mon petit Antoine en premier et un peu paniqué au début. Notez qu’entre chaque patient, aucune désinfection ni quelconque nettoyage n’est effectué… NE PAS CHERCHER À COMPRENDRE, FAIRE PROFIL BAS. En fin de journée, les résultats des scans tombent et, devinez quoi, JE suis positive !!!! Je n’en crois pas mes oreilles, mais finalement, ce violent mal de tête depuis ce matin, c’est peut-être ça… Par la suite, j’ai les classiques symptômes de courbatures, d’épuisement total mais pas de fièvre.

Les repas sont déposés devant la porte. Lait, œuf dur et petit pain au petit-déjeuner, Bento-box avec riz, légumes et viande midi et soir. C’est correct. Le personnel est plutôt sympathique, on nous pose pas mal de questions sur nous, depuis combien d’années nous sommes en Chine etc. Sarah est bien occupée avec l’école en ligne. Pour Antoine, les journées sont plus longues, entre petites voitures, des heures à regarder par la fenêtre et… salvateur iPad, j’avoue…

Traitement de choc

Quelques jours plus tard, les enfants passent négatifs, c’est déjà ça ! Quant à moi, il parait que ma charge virale est très élevée. Pour aider à la faire baisser plus vite (et donc espérer rentrer chez moi), on me propose un médicament. En mode automatique (et diplomatique), j’accepte, je veux mettre toutes les chances de mon côté, mais sans trop y croire… « encore un médicament chinois aux herbes », me dis-je. Et bien surprise, on me donne le dernier médicament Pfizer contre les gros symptômes, le PAXLOVID. C’est un excellent signal, que le pays accepte d’utiliser un traitement médical occidental contre le Covid !

Un premier pas vers une solution de vaccination efficace en Chine ?

Résultat, mon test PCR quotidien passe négatif au bout de six jours seulement ! Au bout du 2ème test PCR négatif le lendemain, le 16 mai donc, nous sommes autorisés à rentrer à la maison. Après signature d’une liasse de papiers, nous  embarquons dans un bus qui desservira différents quartiers. Nos autorisations sont ensuite une nouvelle fois vérifiées au dernier carrefour, une voiture nous accompagne devant notre lane, suivie d’un mystérieux scooter. Une fois la lane déverrouillée par le « gardien des clefs » (cf. Escape Game), le chauffeur du scooter descend et se met à pulvériser le sol, sur les traces de nos pas, ainsi que nos bagages, nos semelles etc. NE PAS CHERCHER A COMPRENDRE.

Une histoire sans fin ?

Nous voilà donc tous de nouveau réunis. Nous avons sept jours de quarantaine à respecter à la maison, mais de toutes façons, cela ne change pas vraiment, puisque les récentes annonces d’ouverture diffusées sur tous les médias étrangers tiennent plus de l’effet d’annonce qu’autre chose… Notre ayi, qui avait été envoyée en camp d’isolement (traitement plus rude réservé aux Chinois…) a pu revenir rapidement elle-aussi. Et mon mari semble être passé au travers de cette mauvaise série ! Nous avons vraiment eu de la chance et nous remercions le consulat pour toutes ses actions en coulisses pour nous permettre de ne pas être séparés des enfants, et d’éviter le camp d’isolement, car ce n’est pas le cas pour tous les expatriés contaminés…

Cet été ? Nous allons probablement devoir rester en Chine (pour la 3ème année consécutive) pour raisons professionnelles (quand on est auto-entrepreneur, les choses sont encore plus complexes). Nous espérons de tout cœur que la vie, économique notamment, reprenne peu à peu son cours, d’ici fin juin.

Les rues de Shanghai…

Pour le reste, nul ne peut prédire de la suite, mais au moins, nous sommes immunisés pour quelque temps !

NB : information de dernière minute : le lendemain de notre retour, suite aux derniers tests PCR, appel du CDC pour nous annoncer que Julia est positive !!! Ma première réaction a été d’éclater de rire (jaune)… Julia a des anticorps (normal, puisqu’elle a été malade), mais sa charge virale est nulle, elle n’est donc plus contagieuse. Les appels se succèdent depuis, pour nous poser moultes questions sur son état. On croise les doigts pour qu’elle puisse rester à la maison en observation. Oh secours, réveillez-moi de ce cauchemar ! »

Un immense merci à Mathilde pour son témoignage et ses photos !

(Source : Internet)

ESCAPE GAME

L’ immeuble Le Normandy dans la ville-fantôme (crédit : ByFab)

Mai 2022

« Avril 2022, on s’en souviendra toute notre vie ! ». Pierre et sa famille sont partis de Shanghai fin avril. Témoignage d’un départ mouvementé après un mois de confinement à la chinoise.

*Escape Game : jeu de rôle en équipe qui se déroule dans un décor réel et qui consiste à tenter de s’échapper d’une pièce (ou d’un ensemble de pièces) en résolvant des énigmes, et ceci dans un délai imparti. Inspiré d’un jeu vidéo japonais, l’Escape Game (ou Escape Room) rencontre un certain succès depuis le début des années 2000.

Retour à la vraie vie

La Bretagne. Le chant des mouettes. La valse du ressac. Ce ballet fascinant des vagues qui ondulent sans fin avant de venir caresser le bord de plage. L’air pur. La lumière transparente, incomparable. L’horizon. Ils en rêvaient depuis des mois, des années même (3 ans pour Pierre). Et puis voilà, ils y sont, enfin, et « en réalité, après cette attente qui nous a paru interminable, on s’habitue très vite au retour à la normale » témoigne Pierre.

Après un mois en ligne, les enfants ont repris l’école, juste à côté. Les salles de classe ont vue sur la mer, et cette semaine, en cours de sport, ils ont fait du surf ! Certes, les journées de Pierre et de son épouse sont encore calées sur le rythme chinois, pour être en phase avec les horaires des équipes locales, mais tout va bien. « On organise notre planning de vacances pour cet été, et pour la suite, on verra plus tard… ».

CDI (Confinement à Durée Indéterminée)

Arrivés à Shanghai en août 2020, sans avoir pu revoir les proches en France durant l’été pour cause de pandémie, Pierre et sa famille ont déjà testé plusieurs fois la quarantaine made in China. Mais à chaque fois, la durée était connue à l’avance (sauf résultats de test PCR positifs bien sûr), avec une date de sortie qui aide à tenir. Cette fois, pas de date à l’horizon, que des hypothèses…

Après plusieurs semaines de micro-confinements locaux – immeuble par immeuble, lane (ruelle) par lane, quartier par quartier – la ville de Shanghai, submergée par la vague Omicron, a décidé l’impensable : le confinement strict de plus de 25 millions d’habitants. Coté Est d’abord (Pudong), puis le 1er avril, côté Ouest (Puxi). Pour quelques jours soi-disant…

Célèbre boulangerie/café du centre de Shanghai (Crédit : ByFab)

Et en Chine, quand on est confiné, on ne peut pas sortir du tout, même 1h pour courir, faire ses courses ou promener le chien. On-reste-à-la-maison, et le chien aussi ! Sauf quelques exceptions ponctuelles du style : ceux qui sont dans une résidence arborée peuvent (parfois) sortir (certains jours) dans les espaces communs, d’autres peuvent descendre dans la rue en bas de chez eux uniquement pour faire des tests PCR – tous les 2 jours, parfois tous les jours -, d’autres ont eu le droit de sortir entre la rue A et la rue B pendant quelques jours, et puis clap de fin, terminé…

Shanghai, vidée de ses 25 millions d’habitants (Crédit : Nico de Rougé)

Mais tous ces signes d’espoir sont soumis au régime de l’arbitraire et ne suivent aucune règle s’apparentant à notre logique occidentale. Car on a vu du jour au lendemain, dans certains quartiers, un tour de vis s’opérer, avec pose de cadenas aux grilles et ruelles barricadées.

Il ne faut pas chercher à comprendre, car on ne peut pas comprendre.

Crédit : ByFab

« Votre test est anormal »

Le 1er avril donc, en guise de blague, la grille de la ruelle de la famille de Pierre est fermée avec une chaine. Dès le lundi, la valse des PCR démarre. Le mardi, le QR code de l’application shanghaienne anti-Covid  de Pierre s’affiche en rouge. Il faut refaire des autotests puis un PCR. Le mercredi, le QR code redevient vert, ouf ! Mais dans l’après-midi, un appel téléphonique signale à Pierre que son fils est positif : « test anormal ». Panique à bord ! En effet, comme commencent à en témoigner les réseaux sociaux, les cas positifs, même asymptomatiques, sont envoyés en « centres » (grands camps assez insalubres du type gymnase ou parc des expos, où les gens sont entassés sur des lits de fortune, lumières allumées en permanence, sans douches, avec peu de sanitaires. Même les enfants, sans les parents, du moins à cette époque.

Les séances de tests dans la rue (Crédits : à gauche : Nico de Rougé / au milieu et à droite : ByFab)

Branle-bas-le-combat, il faut informer d’urgence le consulat et l’ilotier (Français bénévole responsable de la liaison avec le consulat pour un quartier). Les équipes du consulat sont admirables et la consigne est claire, « vous restez chez vous, et si on vient vous chercher, vous nous prévenez et vous demandez à faire un test de contrôle. Mais la situation se tend. Les autorités de Pékin dirigent maintenant les opérations à Shanghai, les règles changent… ».

Ô temps suspendu…

Pendant une semaine, la famille ne peut même plus sortir pour faire un test PCR dans la rue. Il faut faire des autotests à la maison et envoyer les résultats par WeChat. Les autorités locales appellent tous les jours, vérifient que l’enfant « positif » a bien une chambre seule pour s’isoler. Au bout d’une semaine, la famille peut de nouveau sortir dans la lane pour les PCR : « on n’a jamais été aussi contents de se faire tester ! ».

Puis mi-avril, tard le soir, on sonne. Un médecin du CDC (Control Disease Center) vient tester la famille. Les résultats seront négatifs le lendemain. Trois jours plus tard, on recommence. Résultats toujours négatifs. Une période hors du temps, « chaque jour de plus à la maison était une petite victoire ».

Crédit : Nico de Rougé

La résilience a ce pouvoir de donner à l’anormal un statut de normalité…

Une lumière au bout du tunnel

Après avoir élaboré de multiples scénarios, Pierre et sa famille décident d’anticiper le retour estival en France. Ils prennent leurs billets d’avion pour fin avril et Pierre travaillera à distance. Cette lumière au bout du tunnel est un véritable soulagement après ces jours d’angoisse, cumulés au stress des conditions de confinement : la folie des achats groupés sur WeChat pour acheter de l’eau (non potable en Chine) et de la nourriture (car les fournisseurs et les livreurs sont eux-aussi soumis à ce confinement), le retour de l’école en ligne, l’enfermement, l’absence totale de perspective, et toujours cette peur panique, non pas d’être malade, mais d’être envoyé en centre d’isolement… Cette réservation de billets d’avion leur a donné l’énergie nécessaire pour attaquer l’étape suivante : la procédure de départ. Car quitter le pays n’est pas forcément plus facile que d’y entrer !

La logistique des livraisons de vivres, avec son fameux poulet… (Crédit photos 1 et 2 en haut à gauche : ByFab)

Permis de partir

De façon générale, la Chine excelle à répartir les responsabilités des autorités locales sur de multiples échelons hiérarchiques, et ceci depuis bien longtemps. On a donc vu récemment ressurgir du passé (ou tout simplement reprendre du galon) certaines organisations bien connues des anciens. En résumé, cela s’articule à peu près ainsi :

  • le comité de lane/ruelle ou bien le management de résidence : organise les livraisons de vivres, contrôle les allées et venues, autorise les sorties pour les urgences hospitalières… bref, c’est lui qui détient la clef de la grille ! 
  • le comité de quartier (ju wei hui), qui dépend d’un poste de police local, et qui encadre les différents sous-comités ci-dessus
  • le subdistrict (jie dao) qui chapeaute les comités de quartier du district
  • et le fameux CDC (Central Disease Control) qui a la lourde charge de contrôler l’épidémie sur la ville.
Crédit : Nico de Rougé

Pour faire court, pour prendre un avion, il faut un test PCR de moins de 24h, un billet d’avion (sur un des rares vols affrétés) et un chauffeur spécial autorisé à se rendre à l’aéroport (car les taxis et transports publics sont tous arrêtés bien sûr). En théorie, c’est jouable !

Le Jour Le Plus Long

Crédit : ByFab

Voici le plan : tests PCR le jeudi, chauffeur réservé pour le vendredi 14h, vol vendredi soir (billets pris sur China Eastern et sur Air France, au cas où…). Le dossier est complet, y compris la lettre du consulat et de l’employeur. Mais une semaine avant le vol, les choses se corsent. Même si tous les derniers tests de la famille étaient bien négatifs, il faut 2 jours pour que le fils de Pierre soit retiré de la liste des cas positifs + 7 jours de quarantaine supplémentaires + le test PCR final + 24h pour en avoir les résultats, ce qui nous amène un jour après le vol hebdomadaire ! S’engage alors une bagarre administrative ardue pour gagner 24h. Au bout de quelques jours d’échanges acharnés, accord obtenu !

Le 28 avril donc, tard le soir, le médecin du CDC débarque pour tester toute la famille en promettant les résultats le 29 au matin. Le 29 à 12h rien, 14h, toujours rien. Le chauffeur risque de partir, il faut y aller. Maintenant. Grâce aux bonnes relations entretenues avec le chef de la lane, la grille s’ouvre… l’espace de quelques minutes. Ne pas se poser de questions, ne pas regarder en arrière, on se faufile et on file en espérant recevoir les résultats de test sur le chemin de l’aéroport ! Pierre avait réservé par sécurité d’autres tests dans un hôpital international sur la route, la voiture s’arrête donc, puis après quelques barrages de police, arrivée à l’aéroport international. Sans aucun résultat de tests.

La grille à franchir, le départ en voiture, l’attente interminable devant les portes du terminal

« Vous avez 1 nouveau message »

Il est 16h, il fait 10 degrés et le vent fouette les masques devant les portes du terminal. Mais sans résultats, pas d’entrée possible. Il faut attendre. 18h, toujours rien, 19h, pas mieux. La tension monte, tout le monde est crispé dans la famille, passant de l’hystérie à l’abattement, mais on tient, malgré tout. 20h, 21h, silence radio des labos.

21h30, ding, « vous avez 1 nouveau message » annonce WeChat. En effet, le précieux intermédiaire avec les autorités sanitaires envoie à Pierre les résultats (en chinois mais négatifs) des tests faits la veille, on respire ! Le marathon des enregistrements et contrôles de sécurité démarre alors. Ceux-ci se dérouleront sans encombre. Décollage à 00h10 dans un avion occupé par 40 passagers, dont deux autres familles françaises, ayant elles-aussi vécu leur propre parcours du combattant.

Le survol de la Russie

« A un moment, je réalise que nous survolons la Russie, témoigne Pierre, mais dans un vol chinois, pas grand risque… ». L’arrivée à Roissy se passe en douceur, et après un petit interrogatoire réservé aux non-vaccinés qu’ils étaient (malgré leurs deux injections de Sinopharm) et un autre test PCR, Pierre et les siens sont libres et filent vers leur Bretagne tant désirée.

Navigation à vue

Depuis leur maison familiale qu’ils redécouvrent, ils reprennent un cours de vie « normale », il est trop tôt pour penser à l’après. « Ce que nous ferons à la fin de l’été ? Un retour à Shanghai, si tout va bien ! Nous envisagerons les différents scénarios selon l’évolution de la situation. Mais les prévisions ne sont pas très engageantes… ». En attendant, leur cœur reste avec tous ceux qu’ils ont laissés à Shanghai et qui tentent eux-aussi d’apercevoir une lumière au bout du tunnel.

Crédit : ByFab

NB : Par curiosité, Pierre a fait faire une sérologie à leur fils pour vérifier son taux d’anticorps avant une première vaccination Pfizer. Résultats : zéro, aucune trace récente de virus. No comment.

NB 2 : Chaleureuses pensées de soutien à cette famille dont la maman et deux des enfants ont été récemment emmenés dans un hôpital de Shanghai car ils sont positifs. Après un mois de quarantaine et de tests quotidiens… No comment.

Bouquet d’autotests… (Crédit : TM)
Un grand merci aux photographes, notamment ByFab (Instagram : by_fab)  et Nico de Rougé (Instagram : nicoderouge.photo)

LOST HEAVEN

No matter what (crédit : ByFab)

Mars-Avril 2022

Comme un goût amer de déjà-vu…en pire…

Ces dernières semaines, en plus de la terrible guerre en Ukraine, trois mauvaises nouvelles sont tombées sur la ville de Shanghai. 14 mars, fermeture des écoles / 28 mars, confinement de Pudong (moitié Est de la ville) / 1er avril, confinement de Puxi (moitié Ouest de la ville). Le tout, pour quelques jours, soi-disant. La vague du variant Omicron déferle sur la Perle de l’Orient. Back to 2020…en bien pire…

Les rues désertes de l’Ancienne Concession Française de Shanghai, mars-avril 2022

Shanghai, cette ville qui fut la mienne durant sept ans, est méconnaissable. Évidemment, elle avait déjà beaucoup changé ces dernières années – avant, mais surtout après, janvier 2020 -. Mais pas à ce point.

Shanghai ma ville, qu’es-tu devenue ?

Et quand la Chine confine, rien à voir avec les méthodes européennes ! Pas de sortie possible pour faire ses courses, promener le chien, aller emprunter un œuf au voisin, acheter de l’eau (qui n’est pas potable en Chine), très peu de livraisons (puisque les commerces et restaurants sont fermés et la plupart des livreurs eux-mêmes confinés). Le vrai LOCK-DOWN. Les portes de certains cas positifs sont scellées (les centres de quarantaine sont engorgés). Des drones surveillent le respect des consignes, on n’arrête pas le progrès !

Crédit photo de droite : Nico de Rougé

Ceux qui ont un balcon, un jardin ou qui vivent dans une résidence arborée sont mieux lotis que d’autres, tant mieux pour eux ! A l’hôpital, service minimum des urgences et des soins, on se concentre sur la gestion du Covid. Mieux vaut ne pas être malade en ce moment… La question n’est pas de savoir s’il y a beaucoup de cas symptomatiques de Covid, de cas graves, de malades en réanimation etc. Un certain nombre de drames hors Covid ont déjà été reportés, et il semblerait que le traitement des personnes n’est pas le même pour tous…

« On a dit zéro cas, ce sera zéro cas « 

A l’heure où je vous écris, des rumeurs bruissent sur une ouverture progressive en mode chirurgical, immeuble par immeuble, lane par lane. Quelques portes se sont déverrouillées, pour une heure ou deux, dans certains quartiers, sous certaines conditions drastiques, histoire de calmer la colère de la population qui gronde, alors que d’autres ont appris qu’ils devaient encore rester minimum 14 jours chez eux, pour cause de cas dans le voisinage. Espoir et désespoir…

Crédit : Nico de Rougé

Madame Irma, une petite idée du futur, s’il-vous-plait ?…

Depuis peu, des articles, images et vidéos, témoignant des difficiles conditions de vie à Shanghai, font enfin leur apparition dans les médias occidentaux. La Chine est toujours aussi loin des préoccupations et du cœur des Occidentaux… Et puis, il y a l’Ukraine et ses horreurs aux portes de l’Europe, la plupart des médias choisissent parmi les malheurs des uns et des autres pour soigner leur audience.

Qui n’a jamais mis les pieds en Chine ne peut comprendre. Et même en y vivant, cette ville et ce pays gardent leur part de mystère… Partie depuis neuf mois, je suis moi-même pétrifiée d’incompréhension, mais j’imagine très bien. Et je suis si triste pour mes amis qui vivent cette épreuve de plus, alors qu’ils n’ont pas pu sortir du pays depuis plus de deux ans, triste pour tous les Shanghaiens, pour tout ce peuple. Bien sûr, les Chinois se relèveront, redresseront courageusement la tête comme ils savent si bien faire, c’est leur grande force. Mais à quel prix et surtout, pour combien de temps avant la prochaine fois ? Bien malin qui peut prédire l’avenir de Shanghai et de la Chine à ce jour.

Les warriors de Shanghai

Alors pour balayer cette sourde inquiétude, je préfère m’attarder sur tous ces héros du confinement pur et dur, sur tous ceux qui m’impressionnent de créativité, de courage, d’humour, de générosité, de résilience, encore et toujours. Pour tenir, parce qu’il le faut bien, pour donner de l’espoir à leurs enfants, à leurs ados, pour rassurer (un peu) leurs proches de France. Pour rendre hommage à ces volontaires en blanc, qui eux aussi traversent une réelle épreuve. Pour remercier cette ville unique qui les a accueillis, et comblés pour la plupart d’entre eux.

Et enfin pour célébrer la vie, l’amour et l’amitié, car sinon, à quoi bon

Il y a cette amie photographe qui ouvre son album et partage ses plus beaux clichés de Shanghai, de Chine, de voyages du bout du monde, célébrant la beauté de notre planète, mais aussi des photos de regards échangés, de mains tendues, de visages rieurs ou sillonnés de rides, et allant même jusqu’à organiser de petits quizz pour rompre l’ennui qui ronge peu à peu les confinés… Tout cela avec une intense émotion.

All over the world : Etats-Unis, Italie, Mongolie, Australie (Crédit : ByFab)

…Celle qui relève le challenge quotidien d’assurer la multi-casquette de maman, maitresse d’école, femme de ménage, cuisinière et chef de son entreprise. Surtout quand la créativité doit aussi être renouvelée pour inventer des recettes inédites autour de légumes locaux bizarroïdes livrés au compte-gouttes par la municipalité !

…Celle qui témoigne régulièrement sur les conditions de vie de ces volontaires en combinaisons de teletubbies, membres des brigades sanitaires. Ils travaillent non-stop, dorment parfois à même le trottoir, soldats tellement dévoués à la cause Zéro-Covid, qu’ils en perdent parfois leur propre humanité… Car oui, il se passe des choses terribles à Shanghai.

…Ceux qui se muent en super-acheteurs pour le vaisseau-amiral Shanghai, passant commandes groupées, les répartissant entre voisins, se bagarrant de 5h du matin à 23h pour trouver de l’eau, des œufs, un peu de poulet, des fruits, du papier toilette… Certains commencent à manquer de tout.

…Celui qui, légèrement malade du Covid, tente de rester « positif » dans sa tête, redoutant chaque jour d’être envoyé dans un de ces centres insalubres, d’être séparé de sa petite fille, en espérant qu’elle ne soit pas à son tour positive et embarquée. Il faut une sacrée force de caractère pour rester debout, même si on est à bout, bravant des jours et des nuits de stress, à élaborer des plans, échanger des conseils et se liquéfier à chaque coup de sonnette pour faire un nouveau test.

Et il y a cette famille qui a organisé des élections fictives le jour du 1er tour de nos présidentielles (car il ne vous a pas échappé que les Français de Shanghai ont été privés de leur droit de vote). Créativité au top, rires garantis, et belle leçon d’éducation civique pour leurs enfants.

…Ou encore ce chirurgien engagé qui partage en vidéo des messages chargés d’ondes positives de la part de ses collègues, et même de sa petite fille !

…Celui qui doit ôter lui-même ses 13 agrafes au poignet, en vidéo-consultation avec le chirurgien cité ci-dessus. On est en plein Koh-Lanta ! Mais y a quoi à gagner à la fin ?…

…Et cette autre amie qui, pour passer le temps, se transforme en Marie Kondo et se jette à corps perdu dans le tri et le ménage de son appartement, placard après placard, pièce par pièce, elle qui jusqu’ici, entretenait savamment et fièrement un joyeux « bordel » organisé…

…Ces sportifs qui s’affrontent en ligne lors d’ascensions virtuelles du Mont Ventoux sur leurs vélos d’appartement. Il faut bien éliminer les apéros réconfortants…

…Ce professeur de danse africaine et cette professeure de yoga qui donnent régulièrement rendez-vous à leurs élèves pour des séances en ligne de défoulement, de stretching, la musique à fond ou ambiance zen, mais toujours avec style s’il-vous-plait !

…Celle qui tient son Carnet de confinement quotidien et partage sans retenue ses états d’âme et son inspiration si poétique avec des mots emprunts d’une émotion palpable. Il faudra penser à en faire un livre !

…Cette équipe de professeurs du Lycée Français de Shanghai qui a très vite mis en place une salle de sport en ligne. Bien dans son corps, bien dans sa tête ! Cela n’est pas du luxe pour tous ces professeurs, élèves et employés du lycée, la fin de l’année est encore bien loin, et la bataille des examens annulés ne fait que commencer…

Et ces amies des 4 coins du monde de notre précieux groupe Shanghai Connection qui envoient un maximum de bonnes ondes, du rêve et de l’évasion, en partageant leurs plus belles photos ou les dernières blagues.

Il y a aussi celle qui, fraichement partie de Shanghai, compile en vidéo et en musique ses clichés favoris de cette magnifique ville dont nous sommes tous nostalgiques (vidéo à voir sur Instagram ici).

Shanghai life by CHINOISES

Et que dire de tous ceux dont je ne parle pas, mais qui eux aussi déploient des trésors de créativité pour rire et faire rire, pour garder espoir, pour aider celui qui va moins bien, pour rêver à de futures escapades, au-delà des frontières chinoises, un truc de dingue !

La fin d’une époque

Certains vont définitivement quitter le pays dès que possible, tristes, amers, résignés, en colère, à bout, on les comprend. D’autres vont rester (idéalement après un été en France ou en Europe), s’accrocher, par choix ou par obligation professionnelle souvent, mais toujours tellement attachés à cette ville, on les comprend aussi !

Artiste : Seth

A vous tous, je tiens à vous dire combien je vous admire, combien je pense à vous chaque jour, combien je voudrais vous aider. Lancez vos bouteilles à la mer, pleurez, criez, hurlez, dansez, riez, il faut que cela sorte ! Tenez bon, le regard droit et loin devant, bien loin…. La situation va forcément finir par s’arranger, les portes vont se rouvrir, les avions redécoller. En attendant, le soleil brille, l’été prend ses quartiers, les oiseaux font la fête, la brise souffle un brin d’espoir dans ce ciel immaculé de Shanghai.

Au beau milieu de cette épreuve inédite, sortie direct d’un film de science-fiction, vous êtes debout, vos ressources sont inépuisables, si, si, là, bien cachées certains jours, mais bien présentes… Pour vos proches, vos enfants, vos amours, vos amis, vous allez tenir, vous allez sortir vainqueurs, abimés certes, fatigués, changés, mais tellement heureux et pleinement conscients du caractère si précieux de la vie, de la liberté. Et cela grâce à cette incroyable fraternité et à cette solidarité que vous savez si bien cultiver, jour après jour, entre voisins, entre amis (rassurez-vous, je ne me mets pas à la politique, il manque l’égalité à ce tableau…).

Merci à tous et à toutes pour cette leçon de courage et à très bientôt !

JIA YOU! (Tenez bon !)

Un immense merci pour vos témoignages et vos photos !

Mention spéciale aux photographes ByFab (Instagram : by_fab) et Nico de Rougé (Instagram : nicoderouge.photo)

(Lost Heaven : paradis perdu / nom d’un restaurant de Shanghai)

1, 2, 3, SOLEIL !

« Long time no see », comme disent les Anglais, car oui, il y a bien longtemps que je n’ai pas alimenté ce blog ! La période des vœux 2022 est bel et bien passée, celle de souhaiter une belle nouvelle année du Tigre d’Eau aussi, c’est donc le moment idéal pour reprendre la plume.

Une page est tournée

Dernier jour à Shanghai

Ces derniers mois ont été bien remplis pour moi à tous niveaux. Tout d’abord, il y eut notre départ définitif de Shanghai début juillet, après sept ans. Même s’il ne faut jamais dire jamais, je pense pouvoir affirmer que nous ne sommes pas près de pouvoir refranchir les frontières de Chine (et ce n’est pas l’envie qui m’en manque).

Après un été franco-français en pause covidienne, nous avons « débarqué » sur les îles britanniques. Et après quelques mois de transit, nous avons enfin emménagé fin novembre. Fini donc le temps de l’errance avec juste quelques valises, c’est donc bien cela : adieu Shanghai, hello London !

Mais tout cela n’est rien à côté de l’immense chance et inégalable joie de se retrouver dans la même ville que nos deux grands enfants étudiants, après ces durs 18 mois de séparation, sans savoir quand prendrait fin cette épreuve. Je pense chaque jour à tous mes amis qui sont encore bloqués en Chine (et ailleurs dans le monde), loin de leurs proches, enfants, parents, depuis deux ans, et sans perspective à l’horizon…

Sous le soleil exactement…

Qui l’eut cru ?! Depuis début septembre, malgré une baisse sensible des températures par rapport à mon curseur shanghaien, je dois avouer avoir été extrêmement surprise par la météo ! Les jours de pluie (ou plutôt d’averses ponctuelles) se comptent sur les doigts d’une main, et on voit du ciel bleu presque tous les jours, au prix parfois d’un sacré vent frais… Je ne sais pas si c’est exceptionnel ou dû au réchauffement climatique, l’avenir nous le dira. Les sceptiques racontent que je retouche mes photos, n’écoutez pas ces jaloux ! Cette belle lumière (même si elle s’éteint un peu tôt à mon goût en fin d’après-midi), ce bleu et les couleurs savamment entretenues par les Londoniens – entre portes flashy et murs de briques – sont du plus bel effet sur mon énergie hivernale.

Delph In London

Sans rentrer dans les clichés de la fameuse série Emily in Paris, j’avoue jouer la carte touristique à fond ! Il faut dire que la ville s’y prête à merveille. Expos à gogo, musées prestigieux, balades au hasard ou visites guidées de quartiers, tantôt grands classiques, tantôt en mode « pépites cachées » (merci Londres Accueil !), je savoure… Et les parcs, ah les parcs ! Pour marcher ou pour courir, quel bonheur ce Hyde Park, ce Richmond Park et autre Battersea Park ! Nous profitons aussi de la qualité et de la variété de ces fameux musicals, ils sont forts ces Anglais quand même !

Je découvre aussi combien Anglais et Français sont différents, et pour le moment cela m’amuse ! Les Français expatriés en Angleterre depuis plus de 15 ans n’ont visiblement pas le même ressenti… Cela me laisse une petite marge ! J’ai aussi l’avantage de ne pas avoir connu le « temps d’avant », pré-Brexit et pré-Covid.

Yes, I can!

Après de longues années de pratique du « Chinglish », j’ai jugé opportun de suivre quelques cours d’anglais, cela ne fait jamais de mal. Depuis mon arrivée, je converse donc plusieurs fois par semaine, en ligne évidemment (histoire de garder une certaine continuité « quoiqu’il arrive »), avec une super prof basée à Manchester (et répondant au doux prénom de Lorraine, toute mon enfance !), qui semble s’amuser autant que moi ! Après quelques heures de « réduction d’accent » (vous pourriez rire un peu moins fort en lisant ces mots tout de même…ce fut très utile lors de notre weekend en Ecosse !), je me suis attaquée à des cours de « writing », tentant d’acquérir/de retrouver un niveau écrit approchant le plus possible celui de ma langue maternelle. J’ai en tête une petite idée professionnelle en lien avec tout cela, affaire à suivre….

Weekend en Ecosse

Et comme toujours, les cours de langue sont l’occasion d’un enrichissement culturel, ainsi que d’une meilleure compréhension des mentalités et usages, un véritable trésor pour démarrer du bon pied avec sa terre d’accueil ! Je réalise cependant qu’il me faut rapidement réviser (ou découvrir devrais-je dire) l’Histoire de ce pays pour mieux l’appréhender…

New best friends

Autre grand sujet :  les nouvelles rencontres que l’on fait, au gré des déménagements, même si l’on essaie de garder le plus possible de liens avec les amis de toujours et les amis plus récents, et malgré un sacré décalage horaire parfois. Éternel recommencement que d’arriver dans un nouveau pays, une nouvelle ville, où l’on ne connait personne ou presque…

Nous ne sommes pas très nombreux à poser nos valises à Londres ces temps-ci, et beaucoup en sont partis depuis le Brexit. Ce qui nous donne l’avantage d’être accueillis parfois par un « Chouette, des nouveaux ! ». A Tokyo puis à Shanghai, le précieux accueil de la communauté expatriée dont nous avons bénéficié, a été à la mesure de l’énorme fossé culturel ! Et les rencontres avec les locaux furent rares, pour les mêmes raisons. Évidemment à Londres, ça n’est pas la même musique…

Tout d’abord, positivons, nous ne sommes plus sourds ni muets : on comprend et on se fait comprendre, ça change tout ! Il y a par ailleurs encore énormément de Français et autres étrangers, beaucoup sont là depuis longtemps, et personne ne nous attend… Mais peu à peu, nous tissons de nouveau notre toile, nous renouons avec quelques anciens amis, et comme ce n’est pas la quantité mais la qualité qui compte, nous allons trouver quelques solides coéquipiers pour notre nouvelle cordée !

Et côté British friends vous demandez-vous ? Il est trop tôt pour se prononcer, je me réserve un peu de temps pour donner mon avis personnel… L’usage local devrait me faire dire : « Amaaaaazing ! » (Oui ils exagèrent toujours de façon positive, même s’ils n’en pensent pas un traitre mot, il faut juste savoir décoder…). Nos premiers contacts avec nos voisins furent cordiaux mais distants, on va dire que c’est à cause du Covid ! Mais je dois avouer que j’adooooore l’humour anglais !

See you soon!

LES TRIBULATIONS DE CALLIE THE CAT

Chers lecteurs, je profite de l’absence de disponibilité de ma maîtresse-mère (car j’ai deux maîtresses en réalité, la mère et la fille) pour enfin m’adresser directement à vous ! Je saisis donc avec un plaisir non dissimulé la souris… de l’ordinateur… pour vous conter mes récentes aventures de globetrotteuse à quatre pattes.

Née à Shanghai

Chat de rue à Shanghai

Revenons tout d’abord aux origines de mon monde. Je suis née en octobre 2017, dans une rue de Shanghai, comme mes quelques 3 millions de congénères, communément appelés chats errants ou chats de gouttière. Oui 3 millions, dans une ville abritant 25 millions d’humains, on ne se défend pas mal je trouve ! Mes premiers jours ont a priori été assez rudes, j’en garde encore quelques phobies d’ailleurs (comme par exemple les humains de grande taille et à grosse voix), il faudrait que j’en parle à mon psy !

Une charmante fée à deux pattes s’est rapidement penchée sur la petite boule de poils que j’étais, et m’a recueillie, comme elle le fait régulièrement pour une association protectrice de chats et chiens. J’ai passé quelques semaines dans son petit logis, en compagnie d’une maman chatte de substitution qui m’a tout appris ou presque.

Une première adresse soooo british !

Puis un jour du mois de février, premier déménagement, me voilà embarquée dans ma famille d’adoption. Attention les moustaches, je prends mes quartiers dans une résidence appelée « Windsor Place » (tiens, tiens…). Là, j’y coule de paisibles années, je découvre la vie en compagnie d’humains, certains très grands, d’autres très câlins, trop parfois à mon goût… Car je suis une chatte au pelage « écailles de tortue », race réputée pour son côté sauvage et peu tactile. Mais peu à peu, je prends goût à cette présence rassurante, qui de plus, me nourrit et me bichonne, rrrrooooonnnnnnnn !

Allez savoir pourquoi, un jour, il leur prend l’envie de changer de quartier. Je découvre alors que mes oreilles n’apprécient pas, mais pas du tout, le bruit de cet affreux gros scotch marron qui ferme les cartons… Puis mon quotidien de chat reprend, entre sieste et intense relaxation, de préférence au soleil.

Après le calme, la tempête

Ces derniers 18 mois, j’ai bien senti qu’il se passait quelque chose d’inhabituel. Mes colocataires sortaient beaucoup moins, ne n’abandonnaient plus pour partir des jours ou semaines entières, il y avait très peu de visiteurs étrangers, et dehors, le ciel était si bleu, la ville si calme, « un peu beaucoup trop calme … ». A se demander si je n’avais pas changé de planète !

Puis patatras, voilà le retour des cartons, du scotch, un vrai bazar dans l’appartement. Mais que vont-ils encore me faire comme coup bas, ces humains ?

Mes deux élégantes cousines – Beijing (de Chine) et Orya (de France) – ont une vie vraiment plus peinarde…

Chat-migrateur

La tête dans le sac…

Pour un animal qui n’aime pas, mais pas du tout le changement, j’ai été largement servie ! Fin juin, clic-clac, de grosses valises se ferment, on m’embarque et on s’installe dans un hôtel. Je commence alors une inspection méticuleuse des dessous de lits et de sofas, pour me protéger de tout risque d’agression extérieure ! Sans compter une nième visite de contrôle chez le vétérinaire, où j’entends dire que je suis « apte ». Mais apte à quoi donc ?!

Étape suivante de mon cauchemar félin, on m’enferme dans un sac de « voyage » et nous voilà partis pour un très long périple. Shanghai-Séoul-Paris disent-ils, en tout presque 24h sans sortir la tête du sac, sans manger ni boire, avec de ces bruits assourdissants, des odeurs, bref, impossible de dormir, je dois veiller et surveiller.

Un été pas comme les autres

Quand tout ce vacarme s’apaise, je ne suis pas au bout de mes peines, il faut encore faire de la voiture et passer quelques jours dans un appartement inconnu (encore une nouvelle inspection sous les lits et fauteuils…). J’ai beau miauler, ils ne m’écoutent pas. Je n’ai alors pas d’autre choix que d’exprimer mon mécontentement en déposant un petit marquage liquide et odorant dans une valise laissée malencontreusement ouverte… Non mais ! Ça commence à bien faire !

Rien n’y fait, c’est de nouveau le départ, pour arriver dans une nouvelle maison, chez des inconnus (appelés Papy et Mamy par ma jeune maitresse). Je découvre alors d’inédites odeurs végétales, pas désagréables j’avoue… Mes deux maitresses finiront par partir elles aussi, me laissant là, planquée sous un lit ou sur une mezzanine, n’osant sortir me ravitailler qu’à la nuit tombée, quand tous sont couchés.

Je prends alors mon courage à quatre pattes et pars en exploration d’un domaine appelé « le jardin ». Des tapis de sable et d’épines de pin, de l’herbe à mâchouiller, des insectes à chasser, des oiseaux à traquer, et toute une vie animale à observer, avec une liberté d’allées et venues, jour et nuit… et si c’était ça le bonheur félin ? Mes hôtes me paraissent même fréquentables finalement et nous finissons par cohabiter dans la quiétude.

Westminster, me voilà !

Retrouvailles

C’était trop beau pour durer. A la joie de retrouver mes deux maitresses, succède le stress d’un nouveau départ, d’une nouvelle visite chez le vétérinaire (qui me déclare encore « apte »), et d’un long trajet en voiture vers une nouvelle destination. Adieu pins, douce chaleur et vers de terre, nous débarquons dans un pays où même la langue des humains ne ressemble à aucune que celles déjà entendues (car je suis une chatte bilingue mandarin-français je vous rappelle !).

J’entends dire que j’ai bénéficié d’une ascension sociale inédite, de chat errant dans les rues de Shanghai, à chat globe-trotteur prenant ses quartiers au pied du domicile de The Queen… Franchement, je n’en demandais pas tant !

Street-cat

Nouveau lieu de vie, nouvelle litière, nouvelle pitance dans ma gamelle, je perds tous mes repères et je repasse en mode « ventre à terre sous les lits », pour tenter de ne pas devenir chèvre ! Et moi qui suis un modèle de propreté, je ne comprends pas, je ne peux résister à l’envie de me soulager tous les jours sur le lit de ma maitresse en chef… (Elle n’apprécie pas, mais pas du tout, mais moi, ça me rassure cette petite odeur !)

La couverture de survie, une arme très efficace contre mes envies irrépressibles…

Keep calm and meow on !

Depuis quelques jours, les choses semblent se calmer, pas de nouvelles têtes, pas de gros changements, je prends mes nouvelles habitudes de siestes sur le canapé et d’observation par la fenêtre de ces chiens tenus en laisse et de ces gouttes de pluie qui fouettent parfois les vitres. J’aperçois même parfois de lointains cousins très grands, bizarrement accoutrés et qui avancent en rythme avec un humain sur leur dos, quelle drôle d’idée !

Mais ce qui m’inquiète, c’est que nous avons toujours des valises non loin, quelques cartons non vidés, et qu’il manque vraiment beaucoup de nos affaires de « notre vie d’avant ». Ils ont d’ailleurs récemment fêté le fait « d’avoir trouvé », mais trouvé quoi ? Ne me dites pas qu’on va encore changer de nid !!!

Pour ne pas manquer la suite de nos aventures, inscrivez-vous vite sur : www.delphblog.com

EPILOGUE

Pour prolonger ce petit goût salé (ou rosé !) de l’été, avant la rentrée des petits & grands et la rentrée littéraire, je lève le masque sur quelques derniers livres lus et appréciés…

Il y a des livres que l’on rate, comme certaines rencontres, on passe à côté d’histoires et de gens qui auraient pu tout changer. À cause d’un malentendu, d’une couverture, ou d’un résumé passable, d’un a priori. Heureusement que parfois la vie insiste.” (Extrait de Trois de Valérie Perrin)

Trois (Valérie Perrin)

Une ode à l’amitié, la vraie / Un magnifique voyage en adolescence et vie de jeune adulte / Une véritable Madeleine de Proust pour ceux qui sont nés dans les années 70. Trois bonnes raisons de lire TROIS (même s’il faut pour certains persévérer au début…)

Dès qu’on libère des adultes qui ont été mômes ensemble, l’enfance remonte à la surface.”

Tout peut s’oublier (Olivier Adam)

Japon, France, Bretagne, paternité, cinéma, fossé culturel. C’est avec cette palette aux teintes contrastées que l’auteur esquisse les déchirures de la vie de Nathan. Un jour, son ex-femme, Jun, repart sans crier gare sur l’Ile du Soleil Levant avec leur fils Léo. Au Japon, point de garde partagée, et aucun droit pour un père étranger… On se perd alors dans les dédales des rues de Kyoto, sur l’île sacrée de Miyajima et dans les tourments de ce jeune père dévasté.

Un roman très touchant et juste, qui n’est pas sans rappeler le combat d’un Vincent Fichot entre autre….

De perdre un être aimé alors qu’il était en vie. De le savoir quelque part, peut-être heureux, mais sans nous. D’être sorti de sa vie sans l’avoir désiré et de devoir entendre acte.”

Deux Petites Bourgeoises (Colombe Schneck)

Court roman (d’inspiration autobiographique ?) grinçant à souhait, entre humour, légèreté, piques et profonde amertume. L’auteur dévoile les tranches de vie d’Héloïse et Esther, qui se rencontrent sur les bancs de l’Ecole Alsacienne : amitié d’enfance, adolescence, fêtes et défaites de l’âge adulte, jusqu’à ce que la mort donne une claque sans crier gare…. Un style parfois un peu sec en mode « mitraillette », une lecture facile mais loin aussi d’être légère et anodine que ne le suggère la couverture…

« Les bourgeois sont malheureux et c’est leur faute. Ils sont là à geindre avec leurs problèmes de riches, leurs dépressions, leurs régimes, leurs travaux dans leur appartement, la poussière, leurs domestiques, la queue aux télésièges. »

Canoës (Maylis de Kerangal)

Ça démarre comme un recueil de nouvelles, un peu décousu. Puis peu à peu, le lien se tisse, brin après brin, mot après mot, vibration après vibration, sur le thème de la voix humaine. Original sur le fond et sur la forme, ce roman nous parle du pouvoir du son, des mots, de l’écho, des vibratos de ce qui est unique à chaque être humain : la voix.

Si vous aimez être surpris, dérouté, interpelé, puis charmé, voire envoûté peut-être, vous aimerez Canoës

“…car étrangement, bien plus qu’une photo ou tout autre objet qui me ferait voir leur visage aimé, c’est en rappelant à mon oreille la voix des morts aimés que je les garde présents en moi.”

Frangines (Adèle Bréau)

Saint-Rémy-de-Provence, une vieille maison de famille, La Garrigue, trois soeurs, le parfait décor estival est planté. Mais derrière les apparences d’une belle famille unie, vivante où chacun a sa place, il y a la vraie vie…

Mathilde, Violette et Louise sont si différentes, les parents n’ont pas dit leur dernier mot, la jeune génération vient gentiment perturber l’ordre instable du monde des adultes, et il y a ce « drame » de l’été précédent… Entre souvenirs et projections, entre petits (et gros) secrets et révélations choc, on découvre progressivement ce qui anime les unes et les autres.

On passe du sourire à la gravité, on est touché par ces soeurs si opposées, mais unies par un lien unique, que l’on espère assez fort pour leur permettre de continuer à avancer, seules et ensemble. Une lecture ensoleillée, tout en délicatesse – mais moins légère qu’elle n’y parait – rythmée par le chant des cigales, parfaite pour clôturer l’été !

“Rien ne change en fin de compte. On croit devenir adulte mais à part le corps et les soucis, on reste les mêmes qu’il y a trente ans.”

LE YIN ET LE YANG

Skyline eclipse, crédit : ByFab

2011-2021, France, Japon, Chine, Royaume-Uni. Ou plus exactement, Reims, Tokyo, Shanghai, Londres, ce qui n’est pas exactement la même chose… Un bon stretching mental et géographique ! Après dix ans d’Asie, nous larguons donc les amarres, avec une foule de sentiments très partagés et opposés, mais définitivement très forts !

Shanghai la belle

Arrivés en août 2014 à Shanghai, avec des yeux tout neufs et un peu ébahis, nous avons pleinement profité de cette ville et de ce pays incroyable, terre de contrastes.

Dans le désordre, et sans chercher à être exhaustive, voici ce qui m’a le plus marquée : le rythme de vie très soutenu, la foule, les sourires, les éclats de voix (le Chinois ne crie pas, il parle juste), la pollution l’hiver (surtout il y a quelques années), la nouveauté permanente, la course à la modernité et le charme de l’ancien, le côté rude -surtout hors des grandes villes- qui côtoie les mille et une astuces facilitant la vie quotidienne (ici, on fait absolument tout avec un smartphone), les gens dans la rue qui nous prennent parfois pour des animaux de zoo, et en même temps l’indifférence totale aux looks les plus extravagants (du papy en pyjama à la jeune fille en Cosplay girl)… Et la langue, on en parle ? Même après des heures de cours (j’aurais dû aller en université apprendre le mandarin, je sais), faire une phrase niveau CP, se faire comprendre et comprendre la réponse, relève toujours du challenge quotidien !

Le charme de Shanghai, malgré son manque d’espaces verts, est bel et bien réel et tous ceux qui sont venus nous rendre visite peuvent le confirmer. Son histoire riche et faite d’ombres et de lumières, ses contrastes architecturaux et sa perpétuelle transformation urbaine, sa vieille ville réduite aujourd’hui à une poignée de ruelles, l’explosion de l’art contemporain et la multiplication de ses galeries, ses bouis-bouis et micro-cafés qui résistent aux nombreux malls opulents (mais souvent vides), son Bund et sa skyline, son Ancienne Concession Française, ses coquets quartiers résidentiels excentrés, ses triporteurs et ses voitures luxueuses, ses multiples restaurants, bars et autres lieux nocturnes, etc etc…

Nous avons aussi fait quelques découvertes magiques dans le reste du pays, dont mes deux voyages préférés sont le Gansu et la région des Hakkas avec leurs maisons Tulou ! Mais la Chine se mérite. Quand on aime sortir des sentiers battus, on sait que les déplacements sont très longs car les distances sont immenses (5.500 km du nord au sud, et 5.200 d’est en ouest), que la cuisine locale ne convient pas toujours à nos fragiles estomacs européens, que les lits des « hôtels » ou chez l’habitant ressemblent plus à des planches de bois sans matelas… mais cela vaut vraiment le coup, certains sites sont de véritables joyaux ! Bref, aucun regret (à part le mandarin…), que des souvenirs forts en mémoire et des étoiles plein les yeux !

Une lueur au loin

Bien sûr, les 18 derniers mois furent très compliqués. Lorsque nous sommes repartis de Paris le 3 janvier 2020, après une délicieuse pause familiale et amicale, après avoir serré nos proches dans les bras, nous étions bien sûr loin, très loin, de nous imaginer le vide abyssal qui nous attendait. La Chine a plongé la tête la première dans l’ère covidienne – saurons-nous un jour comment – entrainant la planète entière dans un tourbillon vertigineux à l’issue encore incertaine à ce jour. Une épreuve anxiogène, longue, usante… Le plus dur étant l’absence d’horizon. Nos modes de vie au-delà des frontières nous avaient habitués à gérer le temps et les distances grâce à nos projets, nos rendez-vous, nos échéances. Fin de la récré !

Une des choses les plus difficiles à assumer pour nos familles expatriées est la séparation avec les « grands enfants » et les parents. Nous avons donc célébré les 19 puis les 20 ans de notre fils en appel-vidéo, de même que Noël et autres dates-clés. Comme beaucoup, nous avons perdu des êtres très chers, anciens ou beaucoup trop jeunes, sans pouvoir leur dire au-revoir une dernière fois.

Et puis, miracle pour nous, les planètes se sont réalignées, la fée de la chance s’est penchée sur notre foyer, et a allumé une lueur au bout du tunnel, que je vous souhaite à tous. Nous allons retrouver les nôtres, poser nos valises dans un nouveau pays, une nouvelle ville, celle de nos enfants étudiants, et ouvrir un nouveau chapitre !

Le yin et le yang

Nous avons malgré tout vécu ces derniers temps une période formidablement riche en émotions positives grâce à tous nos amis et proches. Les amis « anciens » de Shanghai, les rencontres toutes récentes que l’on voudrait avoir le temps d’approfondir, les proches et amis de très longue date du bout du monde, ceux avec qui on a repris contact « grâce » au Covid…  Il y eut aussi cette belle amitié nouée avec une « exilée » de Wuhan (oui, j’ai une amie de Wuhan et tout va bien !), un signe du destin comme il arrive parfois ! Jamais le mot so-li-da-ri-té n’aura eu plus de sens.

Louise Bourgeois « The Welcoming Hands »

Chacun, même secoué par ses émotions et ses blessures personnelles, a su donner, témoigner, se mettre à nu parfois, partager, pleurer, rire, faire rire, apporter du vrai et du léger… Une belle leçon d’humanité et des liens tissés et renforcés à jamais !

Alors voilà, même si je mesure et savoure notre chance de cette nouvelle page à écrire, je suis un peu triste. Triste de quitter cette fabuleuse ville que j’aime tant, SHANGHAI, si humaine et si touchante. Triste de quitter tous ces amis, tous ces êtres proches, qui s’essoufflent, qui n’en peuvent plus de ne pas pouvoir voir les leurs, s’échapper quelque temps du pays, au risque de ne pas pouvoir y revenir. La guerre des vaccins, les joutes diplomatiques et politiques, les frontières fermées, les quarantaines dans des conditions drastiques, auxquelles s’ajoutent tous les soucis habituels ou exceptionnels qui eux, ne se mettent pas en quarantaine… Et le tout sans date de fin, sans perspective de relaxe. On n’ose y penser, on ne veut plus rien lire sur le sujet, on voit bien que l’Occident est très très loin de comprendre ou de s’imaginer ce qui se trame ici, dans les arcanes du pouvoir, tout comme dans le cœur des gens.

Sky is the limit (crédit : ByFab)

Le sentiment d’être abandonné, on sait tous ce que c’est. Mais le sentiment d’abandonner, c’est différent… Une chose est certaine, je n’oublierai pas ceux que je laisse ici, et si je le peux, je continuerai de témoigner.

On ne devrait jamais quitter Shanghai !

Je dois cette phrase à Alain, un ami de Tokyo, au verbe enlevé, qui nous avait gratifiés à l’occasion de son départ (quelque temps après une autre épreuve, la catastrophe de Fukushima), d’un discours haut en couleurs, conclu par la désormais mythique phrase « On ne devrait jamais quitter Tokyo ! ». C’est encore plus vrai ici, « On ne devrait jamais quitter Shanghai ! »

Mais bientôt, Londres saura rouvrir les chakras et nous pousser de l’avant, sans aucun doute ! Avec la belle perspective de revoir les enfants de nos amis shanghaiens (ou d’ailleurs) qui étudient à Londres et qui auraient envie de retrouver chez nous un petit air d’Asie ou de France…

London, be ready, we are coming…

DESTINS DE FEMMES

Destins de femmes bouleversants.

Cameroun, Corée du Sud, deux pays diamétralement opposés.

Une société patriarcale et polygame d’un côté, une culture matrifocale de l’autre, sur l’île de Jeju.

La vie entre quatre épais murs au Sahel pour les unes, la mer infinie et la pêche sous-marine en apnée pour les autres.

Et à chaque fois, une vie qui force l’admiration.

Les Impatientes trace les chemins croisés de trois femmes, Ramla, Safira et Hindou. Patience ! Tel est le seul conseil qui leur est donné le jour de leur mariage arrangé… « Au bout de la patience, il y a le ciel« , mais quel ciel !

Sur l’ile de Jeju, Mi-ja et Young-sook, sont deux « haenyeo », ces femmes pêcheuses en apnée, liées comme des soeurs, pour le meilleur et pour le pire, et même bien pire encore… La Seconde Guerre Mondiale viendra bouleverser la vie de L’ile des femmes de la mer.

Deux romans forts, deux univers culturels riches et contrastés, des tranches de vies rudes, des femmes tellement puissantes !

Et toujours ce même désir inconditionnel de transmettre, et de construire une vie meilleure, pour la chair de sa chair…

A lire absolument !

L’ile des femmes de la mer de Lisa See.

Les impatientes de Djaïli Amadou Amal

UN SEUL PAYS, 1000 EVASIONS POSSIBLES

En mai, fais ce qu’il te plait…, OU LE DICTON IMPOSSIBLE

A l’approche du mois de mai, laissons-nous aller à un petit bilan de printemps. Vous commencez à connaitre la musique par cœur. Oui, nous sommes en Chine dans une situation sanitaire exceptionnelle depuis plusieurs mois : de très rares cas, le plus souvent « importés », et une vie quotidienne quasi normale, au prix d’une acceptation de quelques règles locales qui hérisseraient le poil de bien des Français de France…

Non, nous ne sommes pas légers et insouciants pour autant. Car nous sommes toujours bloqués dans l’Empire du Milieu, les conditions de retour étant drastiques, stressantes et réservées à quelques cas exceptionnels. De plus, nous sommes pour la plupart très concernés et inquiets par ce qu’il se passe dans le reste du monde. Et enfin, la séparation depuis presque 18 mois de nos (très) proches hors de Chine est de plus en plus difficile à supporter. Bref, si la résilience était innée, cela se saurait !

Mais les vacances de printemps sont là. Et nous avons le droit de quitter Shanghai cette fois, pour aller s’aérer… en Chine bien sûr ! C’est parti !

FORÊT D’ARCS-EN-CIEL

Nous avons donc opté pour le Gansu et la Mongolie Intérieure, cap vers le nord-ouest, à quelques 2.500 km de Shanghai.

1ére étape : ZHANGYE, sur la Route de la Soie. Sans plus attendre, nous plongeons dans le parc naturel de DANXIA, classé patrimoine mondial par l’UNESCO.  Processus géologiques, dépôts divers, vents et pluies durant environ 24 millions d’années ont sculpté ces reliefs, aux formes souvent très découpées et surtout aux couleurs chatoyantes et superposées, façon mille-feuilles. Ces Rainbow Mountains sont un phénomène unique, et bel et bien fascinant !

À FLANC DE FALAISES

Nous découvrons le lendemain les grottes de MATISI. Creusées dans la falaise, et sur plusieurs étages, ces grottes abritent un monastère bouddhiste depuis plus de 1.500 ans. Comme secrètement dissimulées, dans un cadre montagneux magnifique, ces grottes dévoilent sculptures et vestiges de peintures datant des débuts de la Route de la Soie. Une visite presque confidentielle, une ambiance spirituelle, une nature inspirante, bref, une autre étape incontournable.

COLORADO CHINOIS

Prochain arrêt : PINGSHANHU et son grand canyon ! Car la Chine a elle aussi son canyon, et il rivalise de beauté avec son cousin américain d’après les globe-trotteurs ! Hauts de 1.500 à 2.500m, ces reliefs et ravins aux teintes rouges et ocres ont été formés il y a environ 200 millions d’années. Impressionnant, assez venteux (mission aération remplie !), découpes minérales à perte de vue, on pourrait y passer des heures…

PRINCESSE DU DÉSERT

Notre jour le plus long se poursuit avec quelques bonnes heures de route (vers le nord-est cette fois) pour passer en Mongolie Intérieure et arriver aux portes du désert de BADAIN JARAN. S’étendant sur presque 50.000 km2, ce désert est réputé pour ces dunes les plus hautes du monde (jusqu’à 500m) ! Il est aussi surnommé le désert des lacs mystérieux grâce ses multiples étendues d’eau salée, alimentées par des nappes souterraines. Après une nuit chez l’habitant, et un road trip dans les dunes, ambiance « montagnes russes », un tour en chameau s’impose. Quel bonheur que ce sentiment d’être seul au monde, et de voir l’horizon vierge qui s’étire à l’infini derrière ces dunes… Je suis définitivement fascinée par le désert !

LA GRANDE MURAILLE CÔTÉ OUEST

Encore saoulés de désert, nous reprenons la route pour arriver le soir à JIAYUGUAN, en rebasculant dans la province du Gansu. Cette petite ville doit sa popularité à sa forteresse et à l’extrémité occidentale de la Grande Muraille qu’elle abrite. Ancienne bourgade stratégique de la Route de la Soie, elle a vu s’ériger une gigantesque forteresse (au XIVème siècle, dynastie Ming) qui domine le fameux désert de Gobi. Rénovée dans les années 80 (donc forcément un peu moins authentique), elle marque aujourd’hui la frontière entre un panorama rocailleux et une vaste zone…industrielle… Il est donc conseillé de ne pas se retourner pour ne pas rompre le charme !

Le moderne et l’ancien…

Quant à la Grande Muraille, elle est ici assez abrupte (mais courte) et offre, après 520 marches, une vue encore plus impressionnante sur le désert. A condition de ne toujours pas se retourner !

LES JOYAUX DE MOGAO

Le lendemain, nous nous réveillons à DUNHUANG (dans le bel hôtel -le seul du séjour- au nom évocateur de Silk Road Hotel). Nous apprécions un peu plus de confort et un petit-déjeuner Western style, sur la terrasse avec vue sur les dunes de sable ! Mais c’est aussi ici que nous retrouvons quelques touristes locaux et l’organisation autour qui s’impose…

La vue de la terrasse du Silk Road Hotel

Car les grottes de MOGAO constituent LA pépite culturelle incontournable de la ville de Dunhuang. Ces chapelles ou grottes des mille Bouddhas (735 dont 40 ouvertes au public), datant du IVème au XIVème siècles, redécouvertes en 1900, puis allégrement pillées par des explorateurs de toutes nationalités, furent refermées (et donc protégées) dans les années 60-70.

Elles abritent de multiples petits sanctuaires bouddhistes aux fresques murales incroyablement préservées pour certaines. Et parmi les nombreuses statues, celle de l’immense bouddha Maitraya assis en lotus (35m de haut) et celle du bouddha allongé sont impressionnantes. Un site qui mérite vraiment de passer outre l’environnement touristique imposé et si classique en Chine.

VOUS REPRENDREZ BIEN UN PEU DE DÉSERT…

Nous terminerons notre périple par un dernier tour dans le désert, moins sauvage et authentique que le premier certes, mais nous l’avons pris du côté ludique et apprécié la touche only in China qui n’en finit pas de nous surprendre !

Ascension des dunes du sable chantant en chameaux (à la queue leu-leu), puis à pied chaussés de magnifiques guêtres orange fluo – aussi efficaces que voyantes – empruntant une astucieuse échelle posée au sol pour éviter de s’enfoncer dans le sable. Quand on n’est pas sportif, on a des idées ! Le but étant d’admirer l’oasis du Croissant de Lune 250m plus bas.

Un voyage magnifique, unique, authentique, ressourçant, minéral, des paysages à couper le souffle. Une fois de plus, la Chine nous en a mis plein les yeux…

Un grand merci à Émilie de l’agence Travel-Stone : https://www.travel-stone.com/, Instagram : travel_stone_asia

LE SELFIE-CHAMEAU DE L’ANNÉE

LE DERNIER ENFANT

Aujourd’hui séquence littéraire, après avoir achevé la lecture d’un roman qui m’a beaucoup touchée : Le dernier enfant de Philippe Besson.

Ce matin encore mon fils était là, ce matin encore, il était à moi.

Ou comment dépeindre simplement et pudiquement la douleur d’une mère face au fameux syndrome du nid vide.

Perdre le petit dernier est tout bonnement une dévastation, un anéantissement.

Anne-Marie, mère de trois enfants, vit le départ de son dernier, Théo, de façon violente. Les derniers instants, le déménagement des quelques cartons, les souvenirs qui refont surface sans crier gare, tout participe de façon aiguë à cette douleur, comme un coup de poignard dans les entrailles. […] des milliers de petits déjeuners ensommeillés, des centaines de fois la rondeur de ses joues sous mes baisers…

Ni ses autres enfants, ni Patrick, son mari aimant mais taiseux, ni sa chère voisine, personne ne semble comprendre vraiment ce qu’elle ressent. La vérité, c’est qu’elle pense à tout ce qui se joue en dehors d’elle, tout ce dont elle est exclue, tout ce que son fils ne lui confie pas.

Alors pourquoi c’est si difficile ? Est-ce-que ce serait de l’égoïsme ? Non, c’est de l’amour maternel.

Le fils tant aimé n’est pourtant pas insensible à cette rupture qu’il provoque car celle qui s’éloigne est tout de même son premier amour...

Vient alors l’évidence de cette nouvelle configuration du foyer, se retrouver l’un face à l’autre, mari et femme, et non plus père et mère…

On s’oublie, on s’efface, on se dilue quand on est parents […] Sauront ils se débrouiller avec une intimité pareille ?

Ce roman est un petit bijou de sobriété, de subtilité, de douceur et de violence à la fois. Les sentiments y sont décrits tout en nuances, presque à voix basse et sont pourtant criants de vérité. Une journée dans la vie d’une femme, d’une mère, qui n’a rien d’une héroïne, mais qui est tellement touchante d’authenticité.

L’auteur nous livre ici un bel hommage à l’amour inconditionnel de sa mère. Une lecture dont je suis ressortie presque apaisée. Merci.

Le dernier enfant, de Philippe Besson, éditions Julliard, 208 pages, janvier 2021.

LE RETOUR DU JEDI – Episode 2

Untitled de Sten Lex

Résumé de l’épisode précèdent : après un aller-retour France-Chine précipité, le Jedi a pu revenir sur Shanghai, et a entamé la fameuse quarantaine chinoise. Après une première semaine de « découverte », voici donc la suite et fin de son séjour en « centre dédié ».

UN ANNIVERSAIRE INEDIT

Pas de chance, le Jedi a fêté son anniversaire en plein milieu de son séjour. Un chiffre symbolique en plus avec changement de dizaine… L’avantage de cette situation, et cocasserie de la langue française, est qu’il est de facto resté quelques jours de plus en “quarantaine”…

Nous avons tenté de sortir le grand jeu, autant que possible étant donné les circonstances. Livraison d’une bonne bouteille, d’un menu spécial, et d’un combo dessert/bougie (sans briquet ni allumettes) pour assurer le côté festif de l’assiette du jour ! Grâce à la technologie, nous avons même pu organiser un repas familial vidéo (un de plus sur l’année…), réunissant trois adresses.

L’après-midi fut entrecoupée d’une petite animation amicale du comité des fêtes shanghaien avec une chanson sous les fenêtres, une magnifique banderole et redécoration du bitume dans l’allée. Nous sommes prêts pour monter une agence événementielle…

Juliette au « balcon » de Roméo…

BUSINESS AS USUAL

Les Chinois sont depuis toujours réputés pour leur sens du commerce. Même en quarantaine, certains profitent du large groupe WeChat des locataires de l’hôtel, pour y faire de la pub ! Celle-ci vante une méthode d’amaigrissement, il faut croire que certains sortent confits de ces deux semaines de confinement… D’un autre côté, la petite superette en bas de l’immeuble est aussi membre de ce groupe, permettant aux résidents de passer commande de produits de première nécessité et autres douceurs pour améliorer le confort de leur séjour. Ils doivent être de mèche !

Le groupe WeChat est passé de 64 à 131 personnes placées en quarantaine. L’hotel doit être bien noté !

LIBÉRÉ, DÉLIVRÉ…

A l’approche du dernier jour, le médecin en charge de la santé des résidents envoie un message pour prévenir de la date du dernier test PCR. Ici on n’est pas là pour rigoler, le test eut lieu dimanche à 6h30… oui du matin !

Épilogue : les tests sont bien négatifs (et le QR code a reverdi), les bagages sont prêts, un dernier regard sans regret sur la chambre et direction la maison, pour des retrouvailles bien méritées !

LE RETOUR DU JEDI -Episode 1

Comme beaucoup d’entre vous le savent, le Jedi a dû précipitamment rentrer en France fin janvier pour triste raison familiale. Trois semaines plus tard, après avoir bravé les démarches administratives kafkaïennes, la fermeture des frontières chinoises aux étrangers, celle des frontières françaises aux Français hors Union Européenne (dans un sens comme dans l’autre), à coups de (réels) motifs impérieux – personnels et professionnels – et avec une bonne dose de chance aussi, voici donc le retour du Jedi sur Shanghai !

VOYAGE LUNAIRE (OU MARTIEN)

Outre la batterie de tests à faire avant le départ de France, dans un laboratoire certifié et dans un délai bien précis, le plus délicat s’annonce bel et bien à l’arrivée…

De gauche à droite : désinfection de l’avion, la queue pour un des contrôles, le vertige du vide…

Dans un aéroport habité par un bataillon de « cosmonautes », après quelques heures de démarches et un ramassage de passagers arrivés à un autre terminal de l’aéroport, direction l’hôtel, plus communément appelé « centre de quarantaine ». Inutile de préciser que la latitude de choix est assez limitée.

BON APPETIT BIEN SÛR !

Une fois arrivé à l’hôtel, il faut confirmer le nombre de repas de l’hôtel désirés chaque jour. Car un des gros avantages de cet hôtel, est que l’on peut s’y faire livrer des repas de l’extérieur, un vrai luxe quand on voit le menu… Le Jedi a beau aimer la cuisine chinoise, je vous laisse apprécier ! L’application Sherpa’s, un must dans le genre sur Shanghai (avec son large choix de restaurants de tous types qui y proposent des repas individuels) sauvera le séjour, car comme on dit chez nous « le moral est au fond de la gamelle ! ».

Le menu de la semaine (et de la suivante sans doute !), et le plateau de petit-déjeuner

DURÉE MINIMUM 14 JOURS

Voici en résumé le message d’accueil délivré à l’enregistrement. La température de chaque « client », vérifiée deux fois par jour, et quelques tests PCR intermédiaires constitueront les seules visites autorisées. La porte de la chambre est donc verrouillée avec interdiction formelle de l’ouvrir en dehors des circonstances indiquées ci-dessus. Et allez savoir pourquoi, on n’a pas envie de transgresser la règle ici…

Programme quotidien des animations du couloir

Une des consignes a son importance : en effet, vous avez peut-être suivi les données scientifiques sur la durée de survie du virus dans les eaux usées, provenant donc des toilettes… Afin d’y remédier, voici donc les instructions après chaque « opération » :

Corvée de ch…

VISITE GUIDEE

Outre les livraisons possibles, l’autre gros point positif est la taille de la chambre du Jedi… La chambre, que dis-je, c’est une suite en réalité ! Même la salle de bain est grande, dommage qu’il n’y ait pas de serviette de toilette… Petit tour virtuel :

Admirez la déco :

CHAMBRE AVEC VUE

Là aussi, le Jedi s’en sort plutôt bien, avec une chambre en angle donc plusieurs fenêtres et plusieurs vues… La météo de ces derniers jours donne beaucoup de clarté mais le filtre collé aux vitres oblige tout de même à laisser la lumière allumée toute la journée.

Fin de l’épisode 1. Le 1er week-end sera long, c’est certain… Haut les cœurs et rendez-vous la semaine prochaine pour de nouvelles aventures du Jedi !

VACHE QUI RIT, VACHE QUI PLEURE

Sur la route de Shangri-la, Yunnan (été 2020)

Cela ne vous a pas échappé, cette nouvelle année du calendrier lunaire chinois est donc l’année du Buffle () de Métal. Je n’accordais aucune espèce d’attention à l’horoscope avant d’arriver en Asie. Et je dois dire qu’ici, cette importance de l’astrologie traditionnelle chinoise, omniprésente dans le quotidien, et encore plus en cette période, m’agace légèrement… Trop cartésienne je suis !

Il n’y a pas que Wall Street qui a son buffle… (The Bund, Shanghai)

LA FERME DES ANIMAUX

Loin de moi l’intention de vous expliquer en quoi tout cela consiste, je m’amuse juste de l’aspect animalier/bestial de la chose… L’an dernier, le rat était à l’honneur, quelle idée, personne n’apprécie ce rongeur, et on a vu le résultat ! Le monde entier (ou presque) met donc tout son espoir dans ce bon gros buffle/bœuf/taureau pour pulvériser l’escadrille d’ennuis qui arrosent la planète et pour apporter un peu de stabilité. Discipline, rigueur, travail semblent être la devise de ce boviné, on attendra donc pour retrouver un peu de légèreté !

N’empêche, La Vache Qui Rit fêtera ses 100 ans cette année (sauf en Inde évidemment…), ironique non ? Et hop, un p’tit tour sur le site https://www.lamaisondelavachequirit.com/.

VACHE QUI PLEURE, VACHE QUI RIT

1&3 : Shanghai (2021), 2 : exposition à la maison de La Vache Qui Rit (2016)

Dans notre entourage proche, on a vu mieux pour un début d’année. Des proches s’éteignent sans crier gare, l’étau se resserre du côté des frontières de la Chine et de la France, la terre tremble de nouveau avec vigueur à Fukushima, le virus poursuit allègrement sa campagne de diversification, les populations qui le peuvent se rebellent de la réduction de leurs libertés, d’autres tentent de survivre, les jeunes doivent se réinventer sans relâche et à l’aveugle… STOP !

A défaut de solution miraculeuse, d’énergie débordante, ou de créativité flamboyante, voici juste sans prétention quelques lignes de clins d’œil, puisés au cœur de notre jolie langue française.

ADIEU VEAU, VACHE, COCHON…

Tête de yack, Shangri-la (Yunnan), été 2020

Cessons de ruminer, ne regardons pas passer les trains comme des vaches, et prenons le taureau par les cornes, sans toutefois mettre la charrue avant les bœufs !

Il peut s’avérer sage de rester sur le plancher des vaches, pour mieux défendre notre bifteck et se montrer fort comme un bœuf.

Si jamais vous craquez, allez-y, gueulez comme un veau : « On n’est pas de bœufs ! », ça soulage.

Mais restons humbles, souvenons-nous que nous parlons anglais comme des vaches espagnoles, évitons d’adorer le veau d’or, et fuyons les peaux de vache, elles peuvent nous rendre fous/folles !

Il ne reste plus qu’à espérer que côté météo, il ne pleuve pas comme vache qui pisse tout le printemps, à moins qu’un vent à décorner les bœufs ne se lève pour balayer qui vous savez ? Sale temps pour les végétariens…

Allez, dans un an, ce sera l’année du Tigre d’Eau, animal au caractère énergique, aventureux, indépendant, inventif, généreux, sans repos et impulsif. Tenez bon !

INSOUTENABLE LEGERETE DE L’ETRE

Ciel de feu, Shangri-la (Yunnan, Chine), janvier 2021

En guise de vœux – exercice délicat cette année selon moi, à part souhaiter une « meilleure année » -, j’ai décidé de jeter un dernier regard sur l’année passée, histoire de bien fermer le chapitre ! Voici donc mon « best of » 2020, année où le temps est devenu élastique à souhait, tantôt très long, comme ralenti, tantôt accéléré et tourbillonnant…

JANVIER 2020, INSOUCIANCE

3 janvier 2020, Paris-Shanghai. Nous embarquons un peu tristes, comme à chaque fois que nous quittons la France, mais avec les projets de revoir les uns/les autres, en février (Londres), en avril (Shanghai), et au plus tard pour l’été… Si nous savions ! Une ombre plane tout de même, avec cette maladie mystérieuse qui démarre à Wuhan, et sur laquelle je lis des articles de presse depuis quelques semaines… (Plongée avec masque)

FEVRIER 2020, SIDERATION

31 janvier 2020, Manille-Shanghai. Nous étions partis une semaine pour le Nouvel An Chinois en marchant sur des œufs, nous rentrons abasourdis. En Chine, tout est fermé (écoles, bureaux, restaurants, magasins non-alimentaires…), tout est interdit, la course aux masques a démarré, des effluves de désinfectant planent, les prémices du précieux site covidminute du docteur Zagury nous informent. La ville de Wuhan devient ville maudite, la menace se répand sur la Chine, mais le monde occidental ne semble pas s’en inquiéter outre mesure, et personne, même pas nous, ne réalise ce qui nous attend. Pendant ce temps, le soleil brille sur Shanghai… (Les 3M)

MARS 2020, FERMETURE DES PORTES

Un à un, les « pays de l’Ouest » entrent dans l’ère coronarienne : lockdown, confinement, fermeture des écoles et universités, pénurie de masques… Pour notre fils, interruption brutale de son début de vie d’étudiant à Londres (cf. le Basilexit…). En Chine, mise en place des quarantaines pour ceux qui rentrent d’Europe ou d’ailleurs, flambée du nombre des cas « importés ». Le 28 mars, la nouvelle tombe, sans préavis, la Chine ferme ses frontières à tous les étrangers, même porteurs de visas ou permis de travail. Par conséquent, impossible pour nous de sortir du pays, sous peine de ne plus pouvoir y revenir… Mais il faut rester optimiste ! (Lâcher du lest)

AVRIL 2020, LA FIN D’UN MONDE ?

Le déconfinement démarre en Chine, alors que la France est pleine crise, sanitaire, hospitalière, en plein fiasco de la pénurie des masques etc etc…. Nous sommes aussi dépités qu’impuissants, même l’envoi de nos masques de Chine devient compliqué. Mais comme je l’écrivais à l’époque, avril est aussi le mois où : la NASA nous dévoile des images zéro-pollution des sommets de l’Himalaya, un 2ème malade du SIDA est déclaré guéri, cinq otages sont libérés d’Irak et d’Iran… (Avalanche de bonnes nouvelles)

MAI 2020, AVANCER, TOUJOURS AVANCER…

Beyond (artiste : Julien Malland aka Seth Globepainter)

Début mai, le lycée français de Shanghai peut enfin rouvrir ses portes après plus de 3 mois de e-learning, bravo ! Nos amis, Françoise et Nicolas repartent courageusement chez eux, à Wuhan, ville-fantôme qui renait de ses cendres, res-pect ! (Retour à Wuhan)

JUIN 2020, VOYAGE, VOYAGE

Upside down

En juin, je réalise vraiment que nous ne pourrons pas revoir nos proches cet été… Le déballage de cadeau d’anniversaire en vidéo de notre fils restera donc virtuel. Me vient alors une furieuse envie de voyager ! Je décide donc de laisser la parole à mes amies des 4 coins du monde, afin qu’elles nous racontent leur vie du moment. Précieux échanges, en direct de New-York, Tokyo, Singapour. Il est à l’époque question de Black Lives Matter, des JO de Tokyo 2020, vous vous souvenez ?…

JUILLET-AOUT 2020, UN ÉTÉ EN CHINE

Et alors, me direz-vous ? Certes, cela n’est pas une malédiction en soit, la Chine regorge de coins sympathiques à découvrir, montagnes, rizières – pour le balnéaire, on repassera -, temples et autres richesses de cette culture tellement différente de la nôtre… Il fait quand même très chaud et très humide chez nous, nous partons donc à l’assaut de sommets inconnus ! A nous le Yunnan du Nord, Lijiang, le mont Haba, les Gorges du Saut du Tigre en furie et la magique cité de Shangri-la… (Un été en Chine)

SEPTEMBRE 2020, LÀ OÙ LE MONDE TOURNE ROND

Au milieu des normes sanitaires drastiques, plusieurs familles sont de nouveau réunies en Chine, le retour à l’école se passe bien, et nous sautons à pieds joints dans cette rentrée, revigorés par ce bon bol d’air pur estival. Nous qui pouvons, nous réunir en groupe sans masque, faire la fête, voyons la vie en couleurs ! Nos amis de Shanghai (et Wuhan) répondent de façon très généreuse à notre soirée organisée pour lever des fonds au profit de l’association Couleurs de Chine, qui me tient tant à cœur, MERCI !  Et pour finir en beauté, nous nous échappons le temps d’un week-end à la découverte du peuple Hakka et ses fameuses maisons Tulou rondes, magique ! (Rendez-vous en terre Hakka)

OCTOBRE 2020, WELCOME TO SHANGHAI !

Cette rentrée un peu particulière m’a donné la chance de rencontrer de nouvelles têtes arrivées sur Shanghai. Elles s’appellent Juliette, Céline, Marie, Isabelle, Muriel, Élise…, elles viennent de Singapour, Dubaï, Tokyo, Lyon et après des mois de négociations et paperasses administratives, elles bravent, non sans appréhension, les quarantaines en « hôtels » dédiés, tests et autres étapes aussi incontournables que désagréables. Welcome to Shanghai aux nouvelles battantes !

NOVEMBRE 2020, CAPTURER L’INSTANT

The Warrior (By Fab)

Portée par l’énergie sans limite de mes amies de l’association Couleurs de Chine, je prends part à l’organisation d’une magnifique expo photos de la talentueuse Fabiola (ByFab) sur le pays Miao (province du Ghanxi), le tout au profit de l’association. Succès incroyable, ventes au-delà de nos espérances, ça fait du bien d’être généreux quand on peut ! (Les Couleurs de la Chine). De quoi me donner du courage pour ma nième opération (la 4ème en 4 ans), de l’épaule cette fois, à Shanghai cette fois…

DECEMBRE 2020, DROLE DE NOEL

Sanya (Hainan, Chine)

Voilà, nous y sommes. Cet été, nous caressions encore un peu l’espoir de rentrer en France pour Noël, mais ce fichu virus en a décidé autrement. Nos familles s’organisent comme elles peuvent pour les festivités et tout le monde est en bonne santé autour de nous, c’est une chance. Chaleureuse mobilisation autour de notre Basile pour que cette période soit tout de même une fête, un immense MERCI ! Pour nous, virée dans le sud de la Chine en bord de mer pour recharger nos batteries, nous mesurons notre chance. Vite, vite, Noël, le 31, qu’on passe à la suite… Il faut tenir !

JANVIER 2021, INSOUTENABLE LEGERETE DE L’ETRE

J’aurais dû m’arrêter là, mais le 1er janvier, une nouvelle surréaliste s’affiche sur nos smartphones. Notre ami Guillaume de Shangri-la n’est plus. Immense tristesse pour sa jeune femme Qilian, sa petite fille Maloë, sa famille en France, Constantin son frère de cœur et de Caravane Liotard, pour tous ceux dont il a croisé la route et à qui il a visiblement transmis quelque chose d’unique et d’inoubliable. Injuste, incompréhensible, insupportable, la liste des adjectifs est longue. Et pourtant, il faut se relever, avancer, témoigner et garder espoir. Profondeur, émotion, force infinie, tu nous laisses tout cela en cadeau, merci l’ami ! Même le ciel de Shangri-la t’a rendu hommage (cf 1ère photo). Repose en paix, Guillaume.

LES COULEURS DE LA CHINE

Cela fait bien longtemps que je n’ai pas repris ma plume/souris, et il s’en est passé des choses depuis mon dernier article ! Le point d’orgue de cet automne pour moi – allez, ne soyons pas modestes – pour tout Shanghai…, fut sans contexte la magnifique expo photos organisée au profit de cette association qui m’est chère. Petite rétrospective.

CAPTURER L’INSTANT

Laissez-moi tout d’abord vous présenter l’artiste, Fabiola Liacy De Felip. Rien que son nom est une invitation au voyage… Fabiola vit en Asie depuis huit ans et est actuellement basée à Shanghai. Après des années d’expérience professionnelle dans le domaine du marketing, Fab s’est découverte une passion, la photographie. Et peu à peu (ou bien assez vite), cela est devenu un véritable talent…  Partout où elle pose ses valises, elle fait de la rue son terrain de jeux favori et a vraiment l’œil pour capturer le moment, l’émotion, la lumière, qui font d’un cliché un trésor unique.  Visages, mains, silhouettes, difficile de rester indifférent !

Et je dois ajouter qu’au-delà d’une photographe talentueuse, j’ai rencontré une femme tellement généreuse, enjouée, qui donne sans limite et qui perçoit tout en subtilité les forces et fêlures, bref, une belle personne… Et on lui demanderait presque de commander un café en italien, juste pour le charme de la petite musique chantante !

« Capture the moment » is my signature. My eye, my passion and my heart are my best equipment. (ByFab)

L’ECOLE, UN DROIT POUR TOUS

Et puis il y a Couleurs de Chine, cette association que j’ai découverte à Shanghai. Créée il y a plus de 20 ans, elle a pour but d’aider à la scolarisation des enfants (et surtout des filles) des minorités ethniques de la région du Guangxi, la région des montagnes Miao. Si au début, cela concernait surtout des petites filles du niveau primaire, aujourd’hui, l’association a pour volonté de soutenir de plus en plus de lycéennes et d’étudiantes en université. Objectif, apprendre un métier ! Depuis toutes ces années, des écoles ont été construites, d’autres aménagées, et de nombreuses bourses ont permis à plus de 12.000 enfants de suivre des études. Chaque année, il faut recruter entreprises mécènes et particuliers, afin de parrainer de plus en plus de jeunes, mais vous vous en doutez, les derniers mois ont été particulièrement difficiles pour tous…

Et si vous alliez plus loin ?… : www.couleursdechine.org

RENDEZ-VOUS EN TERRES MIAO

Fabiola a découvert l’association Couleurs de Chine il y a quelques années. A l’occasion d’un voyage au pays des Miao, c’est le choc. Un choc humain, émotionnel mais aussi esthétique. Clic-clac, Fab prend des centaines de photos de ces enfants, sa filleule de l’association, ces parents, ces personnes âgées, ces rizières, ces montagnes, encore et encore… Elle reviendra plusieurs fois dans ces villages Miao qui la touchent tant. Tous la connaissent bien maintenant, l’invitent à prendre un thé, un repas autour du feu. L’idée a alors germé d’organiser une grande exposition photos à Shanghai sur ce peuple Miao. Et Fab tient à ce que cela soit intégralement organisé au profit de Couleurs de Chine, respect ! 18 mois plus tard, cet événement peut enfin se tenir, dans la magnifique galerie shanghaienne ArtCN. Un sacré travail réalisé en un temps record pour notre association à Shanghai, l’imprimeur, le graphiste designer Gianmarco (pour toutes les affiches) et encore plus pour Fab, mais tous ensemble, we did it!

29 photos sélectionnées sont exposées (en cinq exemplaires chacune), plus une photo-phare mise en enchères silencieuses (en trois éditions). Le bouche-à-oreille fonctionne à merveille, les différentes communautés étrangères de Shanghai et même d’ailleurs se mobilisent, en trois jours seulement, l’opération est un véritable succès. De nombreux enfants pourront continuer à aller à l’école en 2020-2021 ! Le temps se suspend, la magie opère, l’émotion est palpable, il faut avouer que les photos sont de toute beauté… La preuve en images, et bon voyage en pays Miao !

A présent, nous attendons tous avec impatience, le livre que Fabiola prépare sur ces Moments in life with the Miao people.

Pour contacter Fabiola :

https://www.byfab.pictures/

Instagram : @by_fab

Facebook : Fabiola De Felip

WeChat : fabiolachina2017

Crédit photo : Fabiola Liacy De Felip

LES NOUVELLES BATTANTES DE SHANGHAI

Aujourd’hui, je vais vous raconter une histoire, ou plutôt des histoires… En effet, comme chaque année en septembre, la grande famille des expats’ de Shanghai accueille une « nouvelle promo », provenant de France ou d’ailleurs, un peu moins nombreuse que d’habitude d’ailleurs… Avouons-le, il faut une certaine dose de courage pour changer de pays d’accueil cette année ! Certains ajouteront avec malice, « et encore plus pour venir en Chine », quoique… J’ai eu le plaisir de rencontrer quelques-unes de ces femmes embarquées dans cette aventure shanghaienne 2020. Bienvenue aux nouvelles battantes de Shanghai !

Un peu déracinées, déboussolées, mais tellement adaptables et avides de découvertes, rencontres et apprentissages !

3, 2, 1, GO !

Céline et Élise ont eu la confirmation de leur expatriation pour Shanghai au printemps 2020. Élise vivait alors en France, près de Lyon, entourée de son mari et de leurs quatre enfants. Si le sujet Shanghai était dans l’air depuis quelque temps, la confirmation est tombée en mars. Ont ensuite suivi de longs mois pour obtenir les visas et autres autorisations officielles indispensables avant de pouvoir prendre un avion. Mais pas de séparation pour eux : « c’était tous ensemble ou rien ». Pour Céline, ce fut moins simple… Vivant au Japon depuis cinq ans, c’est en avril, depuis la France où elle est bloquée et confinée avec ses deux enfants, qu’elle apprend la nouvelle.